C'est un peu plus de 1 500 ans après, à la lumière de découvertes archéologiques à Olympie, que le baron français Pierre de Coubertin (1863-1937) a la fantaisie de remettre au goût du jour une manifestation de compétitions sportives à l'échelle internationale.
Son rêve dès lors commence à se concrétiser, de Coubertin multipliant les interventions auprès de personnes influentes qui pourront l'aider à mettre en œuvre cette grande fête du sport.
En 1894, il crée le Comité international olympique (CIO) et deux ans plus tard se tiennent, à Athènes en Grèce, les premiers Jeux olympiques modernes.
Lors de cette compétition, 241 athlètes masculins, les femmes étant exclues de ces premiers jeux, provenant de 14 pays participent aux épreuves.
Aujourd'hui, c'est 10 500 concurrents issus de 200 nations qui rivalisent dans plus de 400 différentes épreuves. Les femmes, depuis 1900, représentent leur pays au même titre que les hommes et les Jeux d'hiver ont fait leur apparition en 1924, à Chamonix, en France.
Depuis leur résurrection, les Jeux olympiques font couler beaucoup d'encre sous la plume de journalistes et observateurs sans cesse avides de nouveaux records aussi bien que de nouveaux scandales.
Événement d'envergure mondiale, aux enjeux politiques désormais considérables, les Jeux olympiques sont depuis toujours l'otage de plusieurs causes (liberté de presse en Chine) de même qu'ils sont le théâtre de grands débats (dopage parmi les athlètes).
Dès leur création à Athènes en 1896, la Turquie les boycotte à cause d'un conflit avec la Grèce.
Puis à Berlin, en 1936, le Führer, chef du parti nazi, écœuré par la supériorité du sprinter noir Jesse Owens (1913-1980) sur l'athlète aryen Luz Long, quitte les jeux pour ne pas s'abaisser à féliciter le gagnant.
À Munich en 1972, c'est la prise d'otages d'athlètes israéliens par des terroristes palestiniens qui tourne au massacre : onze sportifs de la délégation israélienne perdent la vie en plus de cinq terroristes et de deux civils.
En 1976 à Montréal, c'est au tour de nombreux pays d'Afrique de boycotter l'événement afin de protester contre l'apartheid en Afrique du Sud.
Les jeux de Moscou en 1980 se verront boudés par les Américains pour contester l'invasion soviétique en Afghanistan.
En 1996, les jeux d'Atlanta sont le théâtre d'une explosion qui fait un mort et plus de 110 blessés, imputée à un groupe de religieux extrémistes.
Récemment, ce sont les jeux de Pékin, en Chine, qui ont soulevé des tollés d'indignation. L'occupation du Tibet, la peine de mort toujours en vigueur, l'absence de liberté de presse, bref une multitude de raisons pour en appeler au boycott de cette édition 2008. Mais devant cette nouvelle puissance économique qu'est devenue la Chine, aucun gouvernement n'a osé se compromettre et les jeux de Pékin n'ont connu aucun malheur véritable.
Mais les querelles politiques ne sont pas les seules ombres au tableau de cet événement mondial. Les contrôles positifs au dopage sont désormais l'autre bête noire des jeux.
De nombreux médaillés rendent désormais le fruit de leur triomphe après avoir été convaincu de consommation de drogue. Cela dit, il faut tout même reconnaître que le dopage sportif est loin d'être récent et que déjà, dans l'Antiquité, les athlètes grecs utilisaient de nombreuses substances destinées à l'amélioration de leur performances. Les sportifs du 19e siècle n'y font pas davantage exception, sachant qu'alcool, cocaïne, caféine et strychnine composent les cocktails ordinaires de leur mode d'entraînement.
Mais aujourd'hui ces drogues de plus en plus puissantes sont devenues de réels dangers pour la santé des athlètes et un déshonneur pour l'idéologie olympique elle-même. Tout le monde triche mais les différentes drogues en cause génèrent des résultats bien différents. La seule façon de niveler les chances pour les athlètes est de couper court à toute utilisation de substance illicite.
Extirpés de ces scandales politico-narcotiques, que reste-t-il donc des jeux ? La course aux records ! L'exhibition des sponsors !
Mais surtout, et malgré tout, la passion, le rêve et la volonté de vaincre de ces milliers d'hommes et de femmes qui sacrifient de nombreuses années de leur existence à devenir les meilleurs dans une discipline.
Entre 1896 et 2008, jeux d'été et d'hiver confondus, les États-Unis ont raflé le plus de médailles avec un total de 2 514 dont 1 008 d'or.
Viennent ensuite les deux Allemagnes avec 1208 médailles dont 415 d'or, la Russie/URSS avec 1204 médailles dont 473 d'or, le Royaume-Uni avec 736 médailles dont 215 d'or, la France avec 719 médailles dont 216 d'or, l'Italie avec 623 médailles dont 226 d'or, la Suède avec 593 médailles dont 185 d'or, la Chine avec 419 médailles dont 167 d'or, etc.
La plus grande médaillée olympique reste à ce jour la Soviétique Larissa Latynina en gymnastique artistique qui remporte 18 médailles entre 1956-1964. Suit le nageur américain Michael Phelps avec 16 médailles entre 2004-2008, le Finlandais Paavo Nurmi avec 12 médailles en athlétisme (1920-1928), le gymnaste japonais Sawao Kato avec 12 médailles (1968-1976), la kayakiste allemande Birgit Fisher avec 12 médailles (1980-2004), le skieur de fond norvégien Bjorn Daehlie avec 12 médailles (1992-1998)…
On constate heureusement qu'il vit toujours. Au-delà de toutes les considérations qui l'entourent et le contraignent, le rêve olympique c'est d'abord et avant tout l'amour du sport, l'amour de l'effort, l'amour du dépassement de soi et la fierté d'avoir affronté d'admirables rivaux.
Que l'on perde ou que l'on gagne, "l'essentiel ce n'est pas d'avoir vaincu, mais de s'être bien battu". (Pierre de Coubertin, 1908)