Son papa, le bourrelier Simon-René Braille possédait un atelier dans lequel il fabriquait des selles, des harnais et différentes créations en cuir. Le petit Louis, fasciné par les outils de son père, se rendait fréquemment dans l'atelier pour y jouer avec ces objets destinés à travailler le cuir. Mais trop petit pour le maniement de certains instruments, il se blessa à l'œil. Les parents Braille bandèrent l'œil, mais l'infection gagna l'œil sain, le pauvre Louis cédant à la tentation constante de se gratter. Peu à peu, en l'espace de deux ans, l'enfant perdit totalement la vue.
Intelligent et vif, Louis alla à l'école communale du village et continua son apprentissage du cuir dans l'atelier de son père. Il y développa des aptitudes manuelles considérables tout en cultivant son esprit malgré son handicap. À cette époque, les aveugles ne jouissaient pas d'une considération sociale, on les rejetait plutôt, les jugeant comme des êtres à charge, sans grande utilité pour la communauté. Monique et Simon-René, voyant leur fils si doué, multiplièrent les demandes afin de le faire admettre à l'Institution Royale des Jeunes Aveugles de Paris. Il y sera enfin admis en 1819, grâce aux interventions du maire et du curé de Coupvray.
En 1820, il prit connaissance du système de communication (sonographie) de Charles Barbier de la Serre (1767-1841), que ce dernier proposa à l'Institution Royale des Jeunes Aveugles de Paris. Mais ce système, quoique intéressant, présentait de nombreuses lacunes et le jeune Braille en récupéra l'idée de base pour inventer son propre alphabet. Basé sur une grille de 6 points (au lieu de 12 chez Barbier), le système de Louis permit non seulement l'écriture de lettres alphabétiques, mais aussi d'une ponctuation, de notes musicales ainsi que de caractères mathématiques.
Ce n'est qu'en 1829 que Louis Braille présenta les résultats finaux de ses recherches par le biais de l'ouvrage : Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l'usage des aveugles et disposés pour eux, par Louis Braille, répétiteur à l'institution Royale des Jeunes Aveugles. Immédiatement adopté par les non-voyants, le système Braille ne fut vraiment mis en place et lancé de manière définitive (autorisé par les Instances gouvernementales françaises) que vers 1847. Aujourd'hui, cet alphabet est reconnu mondialement.
Évidemment, entre 1824 et 1829, Louis aura modifié à quelques reprises ses traits et ses points pour faire de son système d'écriture une méthode accessible et facile d'usage. Son ascension ainsi que le respect dont il était l'objet, s'acquit à force de détermination. Nommé contremaître à l'atelier de chaussons de Lisière en 1823, alors qu'il n'était âgé que de 14 ans, Louis passa à l'enseignement dès 1826. Puis en août 1828, on le nomma répétiteur. Cinq ans plus tard, on le fit professeur. Organiste de talent, on lui accorda également d'être titulaire de l'orgue de l'Église Saint-Nicolas-des-Champs à Paris dès 1834 puis de l'orgue de l'Église Saint-Vincent-de-Paul vers 1845. Voilà un parcours pour le moins impressionnant !