Très tôt ce mouvement, imputé au soleil qui semblait se déplacer dans le ciel, ainsi qu'à la lune nocturne, suscita chez cet homme le besoin de quantifier le temps, de le mesurer, de se l'approprier. Le temps fut donc, de prime abord, découpé en jours et en nuits, puis en saisons et en années. Mais les observations concernant le jour naissant puis le jour déclinant poussèrent également l'homme à subdiviser l'intervalle entre le jour et la nuit en périodes plus courtes selon la course du Soleil. S'appuyant sur le constat d'un soleil se levant à l'Est et mettant une période de temps X avant d'atteindre la ligne d'horizon à l'Ouest derrière laquelle il se couchait, les hommes sectionnèrent alors les jours/nuits en heures, minutes et secondes. Ainsi, s'imposa une notion de cycles définie par des secondes, des minutes, des heures, des semaines, des mois, des saisons, des années, des décennies, des siècles, etc.
Chaque contrée, chaque partie du monde gérèrent ensuite le temps selon les règles de sa propre communauté. Les calendriers les plus anciens, majoritairement solaires/lunaires, ne sont pas toujours identiques, bien que la division temporelle du jour reste pratiquement similaire. Cependant, l'année ne commence pas au même moment pour tous les peuples. Dans les contrées asiatiques, par exemple, l'année commence entre le 21 janvier et le 20 février. L'année hindoue quant à elle commence en octobre ou novembre. Chez les peuples hébraïques, l'année s'amorce en septembre ou en octobre. Dans le calendrier grégorien, celui généralement en usage dans les pays occidentaux, le premier jour de l'année se situe au 1er janvier. Bref, la question que pose ces différences notoires c'est comment le monde, économique plus précisément, parvient-il à fonctionner à travers tous ces décalages ?
Il fallait, pour parvenir à une certaine harmonie, trouver un point de repère qui permette à tous les peuples marchands de se régler sur un même principe temporel. Le commerce passant par les voies maritimes, ce fut pour aider les marins qu'une première amélioration s'instaura dans le milieu de la navigation. Afin de leur permettre de mieux calculer leur longitude à partir d'un point fixe, on établit, dès 1675, le Temps Moyen de Greenwich (temps solaire moyen au méridien de Greenwich). Ensuite, ce furent les chemins de fer qui innovèrent. Une zone spécifique possédant un temps uniforme fut créée par les services ferroviaires de Grande-Bretagne grâce à des chronomètres synchronisés vers 1847.
En 1852, c'est par le biais de télégraphes que l'on parvint à transmettre des signaux temporels. Désormais capables de communiquer une heure standard à des kilomètres, les Britanniques adoptèrent le Temps Moyen de Greenwich (GMT) comme heure légale à partir de 1880. La Nouvelle-Zélande, alors colonie britannique, favorisa également un système temporel standard, calculant son heure légale sur une longitude de 172° 30' de Greenwich, ce qui lui donna 11 heures et 30 minutes d'avance sur le Temps Moyen de Greenwich.
Aux États-Unis, l'espace temporel était encore une idéologie confuse au 19e siècle et plusieurs compagnies ferroviaires fonctionnaient avec des heures différentes, basées sur le siège social de la compagnie ou encore sur une gare d'importance. Aussi, vers 1883, à l'instigation du rédacteur en chef du Traveler's Official Railway Guide, William F. Allen (1830-1889), on opta pour un standard temporel couvrant cinq zones que l'on nomma : zone centrale, zone des montagnes, zone intercoloniale, zone orientale et zone pacifique. À peine un an plus tard, plus de 200 villes s'étaient déjà converties à ce standard, et parmi elles quelques villes canadiennes. Réalisant l'avantage d'un espace temporel uniforme, le Canadien Sandford Fleming (1827-1915) proposa d'étendre le principe au monde entier, de même qu'il suggéra l'idée d'une horloge standardisée à 24 heures et la division du monde en 24 fuseaux horaires égaux.
La Conférence internationale du Méridien (1884) ne tint pas compte de la proposition de l'horloge ou des fuseaux horaires de Fleming, mais agréa le temps universel de 24 heures, débutant à minuit (ou zéro heure) depuis Greenwich. Toutefois, le principe des fuseaux horaires (24 fuseaux horaires de 15 degrés chacun pour couvrir les 360 degrés du globe terrestre) fut considéré la même année.