C'est le début d'une dépendance au travail, symptomatique d'une société qui promeut des standards de performance toujours plus élevés ou encore d'une estime de soi pas terrible qui ne s'épanouit, au final, que par des prouesses de travail quasi inhumaines.
Inconnu à une époque où une majorité de travailleurs s'échinaient (c'était la norme) dans des usines crasseuses pendant de longues heures, ou dans les champs à besogner comme des esclaves dans des conditions climatiques extrêmes, le phénomène du workaholisme pourrait sembler tout droit sorti des milieux administratifs qui emploient de plus en plus de travailleurs aujourd'hui. Mais pourtant, les drogués du boulot viennent de tous les secteurs d'activités, aussi bien des milieux agricoles, que du domaine de la santé, de l'hôtellerie, de la construction, etc.
Mais pourquoi ce désir, ce besoin ou cette nécessité de travailler toujours plus ? De bosser au-delà de ce que les capacités physiques permettent normalement, au-delà de ce que les normes du droit du travail prescrivent, au-delà de ce qu'une vie saine et équilibrée suppose ?
Selon de nombreux chercheurs, psychiatres et sociologues, plusieurs motivations seraient à l'origine du comportement compulsif qui pousse un individu à vouloir performer toujours davantage. Évidemment, des considérations financières interviennent à titre de finalité, mais des difficultés relationnelles, une estime de soi peu développée, une nature extrêmement compétitive ou encore un besoin de contrôle absolu stimulent assurément le workaholique de façon plus ou moins soutenue.
Un psychiatre américain, Bryan E. Robinson de l'université de Charlotte en Caroline du Nord, a identifié quatre types de travailleurs compulsifs, qu'il qualifie ainsi :
Robinson le définit comme une nature qui se nourrit de sensations fortes et qui exprime sa satisfaction de lui-même dans la quantité de travail qu'il abat et non dans la qualité. Il s'agit donc d'un bosseur négligent qui commet souvent des erreurs.
Celui qui peut s'impliquer dans plus d'une tâche à la fois, mais qui a à cœur de terminer ce qu'il entreprend. Toutefois, sa passion n'est pas permanente. Il peut aussi se complaire dans des phases d'apathie pendant lesquelles il remet tout au lendemain.
Il est éparpillé et carbure à l'adrénaline. Il accepte tout ce qu'on lui propose, mais parvient rarement à mener à terme ses engagements.
Incapable de déléguer, le perfectionniste est celui qui ne lâche pas. Il a besoin d'un contrôle absolu sur les gens et les choses, en général, et chacun de ses projets débouchera sur une production achevée, léchée, astiquée, bref irréprochable.