Si l'on en juge par les efforts déployés lors des parades de certains volatiles, par exemple, séduire est un acte naturel qui relève peut-être plus de l'instinct que l'on ne veut bien le croire. Aussi, l'être humain s'y exerce depuis de nombreux millénaires, autant pour assurer sa survie que pour son plaisir égoïste.
Se mettre en valeur, s'embellir pour plaire fut donc le propre de beaucoup d'individus dès l'Antiquité. Et pour attirer les regards d'autrui, il ne suffisait souvent que de quelques petites modifications au visage ainsi que de fragrances agréables à diffuser dans le sillage de ses pas.
Le khôl, déjà en usage dans l'Égypte ancienne, et dans certaines autres civilisations, fut l'un des premiers artifices que l'Histoire ait connu. Les Égyptiens, on le sait, connaissaient le secret des maquillages et celui des huiles et onguents parfumés. Même le dentifrice leur était familier. Dans les classes sociales les plus riches, les soins du corps avaient une importance certaine. Sans doute grâce aux techniques de l'embaumement, les Égyptiens exploitèrent judicieusement les propriétés des herbes et des épices pour les soins corporels, ce qui leur permit de découvrir les éléments les plus profitables à l'embellissement du corps humain. Pour obtenir les fards à paupières ou le rouge pour les lèvres, on mélangeait différentes substances broyées (argile, malachite, plantes, etc.) avec des oxydes de cuivre ou de fer. Ces éléments pigmentaires pouvaient aussi se trouver en composition avec des graisses pour une meilleure adhérence à la peau. Les Égyptiens furent les alchimistes de la beauté bien avant les perruques et les visages poudrés du Siècle des Lumières…
Cette science de l'apparence fut ensuite exportée vers les contrées européennes par les caravanes transportant la soie et les épices. Grecs et Romains la mirent à profit, et au fil des siècles l'art du maquillage se modifia en fonction des modes et des exigences du bien paraître. Jusque là, rien à dire de l'univers de la cosmétique et de ses adeptes en nombre grandissant. Mais alors que les produits de beauté se fabriquaient de manière générale à partir d'éléments naturels, le 19e siècle vit apparaître des laboratoires, nouveaux sanctuaires de l'expérimentation en matière de cosmétologie, ce qui amorça un réel dérapage dans le choix des composants dont on fera désormais usage pour la conception de produits toujours plus performants.
Avec ce 19e siècle industriel, c'est tout une idéologie de l'hygiène qui prend naissance. Les populations, fatiguées de vivre dans la crasse des milieux urbains, veulent un environnement plus propre et commencent à se préoccuper de leur corps. C'est grâce à cette demande croissante qu'apparaissent chez les boutiquiers savons, shampoings, crèmes hydratantes, lait de corps, etc. Les ouvriers, gagnant des salaires plus élevés accordent progressivement de l'importance à l'hygiène et ménagent une minime partie du budget familial à l'acquisition de produits cosmétiques.
L'avènement de la publicité comme véhicule de propagande sera le grand déclencheur de l'engouement qui va suivre pour toute la cosmétologie. Grâce à des pubs choc sur l'art de rester jeune, sur la façon de maquiller ses imperfections, sur les mille et un secrets pour embellir le plus navrant laideron, les produits de beauté deviennent synonymes de succès immédiat et de confiance en soi. Non seulement on vend la garantie d'une beauté dorénavant accessible, mais on vend également la promesse d'une jeunesse éternelle, les astuces d'une taille irréprochable, les recettes pour une peau soyeuse, et bien plus encore...
L'esthétique artificielle devient donc un atout incontournable dans la séduction sociale. La demande en produits de beauté est si grande que des multinationales se construisent sur ce constat, proposant toujours plus d'innovations miraculeuses, ce que le public chérit avant tout. Mais que se passe-t-il véritablement dans les laboratoires de cosmétiques ? Les consommateurs savent-ils réellement ce dont ils gavent leur peau, leurs paupières, leur visage ?
Depuis quelques années, des chercheurs se sont penchés sur le phénomène des produits cosmétiques et ont effectué de nombreuses analyses permettant de sonner l'alarme. Les composants toxiques entrant dans la composition de la plupart des cosmétiques y sont en quantité inquiétante. Les conséquences sur la santé, pour un usage à plus ou moins long terme, peuvent varier de mineures à très graves. Mais les consommateurs en savent bien peu sur les éléments malsains qui se retrouvent dans les produits de beauté ou d'hygiène…