Évidemment, la salle de bains regorge de produits pour les soins corporels. Les crèmes, les onguents, les parfums, les bains moussants, les fards à paupières, les fonds de teint, les rouges à lèvres, les shampoings, les gels, les teintures, les dentifrices, les savons, les lotions après-rasage, les crèmes dépilatoires… Or depuis 1998, la loi oblige les fabricants à révéler tous les ingrédients entrant dans la composition du produit sur l'étiquette. Ainsi, chaque consommateur peut désormais juger de la toxicité d'un produit. Encore faut-il qu'il connaisse les éléments fautifs et surtout qu'il ait eu vent de cette controverse entourant les cosmétiques.
On en parle peu, du moins pour l'instant. Ce qui a suscité le débat réside davantage dans l'indignation du public face aux expérimentations sur les animaux. De là, des groupes se sont formés pour revendiquer l'arrêt de ces tests inhumains. En Europe, depuis 2004, il semble que les tests sur animaux ne soient plus autorisés. L'histoire ne révèle toutefois pas si des sanctions ont été prévues en cas d'infraction. Toutefois, c'est ce constat qui a lancé un étiquetage "non testé sur les animaux". Or à partir de cette première prise de conscience sur la nature et les procédés de fabrication en cosmétologie, on a commencé à s'interroger sur la nature des composants de tous ces produits.
La plupart des grands laboratoires effectuent des tests sur chacun des produits avant leur mise en marché. Des analyses toxicologiques mesurant la cancérogénicité, la génotoxicité ainsi que la mutagénicité informent quant aux risques présentés par chacun des produits. Les fabricants doivent se conformer à l'utilisation de substances autorisées. Une liste de ces substances, mise à jour régulièrement selon les résultats d'études à travers le monde, ainsi que des éléments interdits ou frappés d'une mention restrictive, circulent pourtant dans tous les pays de l'UE. Mais le problème à l'heure actuelle concerne particulièrement les petits fournisseurs de matières premières, ceux qui n'ont pas les moyens d'effectuer la multitude de tests nécessaires à la détection des substances interdites ou sous restriction. Ce sont eux qui doivent nécessairement fournir les précisions quant aux éléments composant les stocks qu'ils envoient aux fabricants. Malheureusement, les indications ne correspondent pas forcément à la réalité.
Reste alors certains organismes chargés de veiller à la santé publique. Le C2DS (Comité pour le développement durable en santé), l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) comptent parmi les vigiles qui protègent la population contre l'utilisation de substances toxiques dans les produits destinés aux soins corporels. Mais ils restent peu nombreux pour assurer cette fonction ; quatre inspecteurs seulement sont au service de l'AFSSAPS, ce qui ralentit considérablement les procédures d'analyses. Bonne nouvelle cependant, on estime à 99 % le volume de produits en conformité avec les normes légales.
En 2008, 193 cas d'effets indésirables ont été recensés. Brûlures, convulsions, irritation, problèmes au foie sont quelques-unes des principales conséquences attribuables à l'emploi d'éléments toxiques dans les cosmétiques. En l'absence de loi exigeant une autorisation de mise sur le marché auprès des producteurs de produits de beauté, chaque consommateur est en droit de s'interroger sur le niveau de dangerosité des articles qu'il achète. Or dans des conditions aussi hasardeuses, le mieux est encore de mener sa propre enquête et d'acheter le plus naturel possible.
Dans une perspective de consommation saine, le consommateur aura le choix des armes. Il pourra consulter de nombreuses ressources afin de découvrir quels sont les produits le moins à risque. Greenpeace, par exemple, publie un guide de cosmétiques les classant par couleurs : vert pour les produits sans danger, orange pour les produits qui utilisent des substituts, rouge pour les produits dangereux. On peut se procurer facilement ce Guide Cosmétox ; son seul désavantage réside dans la difficulté de le garder à jour, compte tenu des retraits ou des nouveaux arrivages sur le marché. Autres ressources importantes : les sites Internet dédiés au sujet comme l'Observatoire des cosmétiques. Ce dernier propose les mises à jour ponctuelles des nouveaux produits sur le marché ou encore des analyses les plus récentes.
Au final, l'achat de produits de beauté reste un engagement individuel. Ceux qui craignent les effets de substances toxiques ont la possibilité d'acheter judicieusement pour peu qu'ils utilisent les ressources à leur disposition. Ceux qui adhèrent à la tendance écolo des dernières années peuvent, quant à eux, trouver une foule de recettes accessibles afin de fabriquer eux-mêmes les produits de beauté qui trôneront sur les tablettes de leur royaume au naturel. Enfin, pour tous les autres qui croient que toutes ces inquiétudes ne sont que balivernes, ils demeureront les chouchous des grandes multinationales de produits de beauté qui ne manqueront pas de leur promettre la jeunesse éternelle dans un corps de rêve !