Fondateur de la troisième religion monothéiste, Mahomet conserve aujourd'hui dans les rangs des croyants musulmans un respect que même Jésus-Christ ou Moïse peuvent lui envier. Car si Moïse ou Jésus, prophètes également, sont plutôt perçus par un nombre grandissant de chrétiens ou de juifs comme les symboles d'une idéologie largement déformée par les hasards du temps, Mahomet lui, se perçoit toujours par les musulmans comme un instrument de Dieu, incontestablement guidé par sa main. Une légende raconte même qu'alors qu'il n'avait que trois ou quatre ans, des hommes vêtus de blanc se seraient jetés sur lui pour lui ouvrir le torse. Il s'agissait en fait d'anges chargés de lui purifier le cœur en vue de sa mission prophétique.
Le futur prophète naît à La Mecque en 570 dans le clan des Banû `Abd al-Muttalib. Ce clan, gardien du sanctuaire païen de la Ka`ba, que vénèrent de nombreux Arabes, connaît cependant une mauvaise fortune depuis un certain temps et sa richesse décline rapidement. Le petit Mahomet est alors confié à une nourrice, puis à des Bédouins du désert (de là l'épisode des anges purificateurs), ensuite à un oncle.
Mahomet est différent des autres enfants, il est plus mature, plus réfléchi, courageux et responsable. Il se distingue déjà au cours de son enfance par sa force, sa loyauté, sa pureté. Sa curiosité intellectuelle ainsi que sa disposition à des retraites solitaires attirent sur lui un respect dont ne jouissent pas généralement ses pairs. Dès l'âge de 25 ans, il unit sa destinée à une femme de 40 ans, Khadîja, une veuve richissime envers laquelle il s'est illustré par ses capacités exemplaires à conduire les caravanes marchandes.
Entre réflexion et apprentissage, Mahomet est soudain bouleversé par la Révélation. Nous sommes autour de l'an 610, les guerres entre clans sont quotidiennes, le paganisme est partout en terre arabe et la nécessité de faire cesser le chaos est pressante. Il semble que Mahomet n'ait d'abord pas voulu de la mission de Dieu. Mais harassé par la volonté divine, il finit par céder et accepte son rôle. C'est ainsi que les versets lui sont révélés et que Mahomet les intègre pour ensuite les prêcher. Ce sont ces versets qui seront ultérieurement récupérés par des disciples et inscrits dans le Livre qui prendra le nom de Coran.
Dans le contexte politique instable et violent de l'époque, les clans se livrant à des guerres fratricides sans relâche, l'idée d'un Dieu unique, d'une foi unique se pose comme une possible réunification des tribus arabes, un appel à l'harmonie entre peuplades de même sang pour former une hégémonie nationale pouvant s'opposer solidement à toute agression extérieure. Car outre les conflits intestins qui minent déjà l'Arabie, les Perses, les Romains, les Éthiopiens et de nombreux autres conquérants représentent également une menace constante. On peut légitimement s'interroger quant à la vraisemblance de révélations divines dans un contexte politique nécessitant une conscience éclairée. Or Mahomet voit peut-être simplement plus loin que la plupart de ses contemporains…
Mahomet passera environ dix ans à tenter de convertir les siens aux préceptes de cette soumission à un Dieu unique (Islam) à travers une prise en charge individuelle de chacun, chacun ayant justement à répondre de ses actes devant ce Dieu qui, au jour du jugement dernier, distinguera les bons des mauvais, envoyant les méritants au paradis, chassant les fautifs dans un enfer détestable. Mais tous ses discours tombent à plat, les grands seigneurs et chefs tribaux refusent de perdre leurs privilèges ancestraux au nom d'une égalité entre tous qui ne leur rapporte rien. Rejeté avec ses disciples par la majorité de ses congénères, Mahomet se voit offrir l'opportunité de prouver sa vérité dans le règlement inespéré d'un conflit voisin. La ville de Yathrib (aujourd'hui Médine) épuisée par une guerre interminable entre les Aws et les Khazraj, fait appel à la sagesse de Mahomet pour mettre fin au carnage, en contrepartie de quoi, l'on chassera tous les faux dieux au profit du Dieu unique. Mahomet accepte.