Toutefois, l'orchidée ne se laisse pas toujours cueillir facilement. Parfois, elle pousse à des hauteurs impraticables ou dans des lieux austères, difficiles d'accès, ce qui provoque de nombreux abus de la part des explorateurs. De plus, comme sa valeur atteint des sommes considérables, les chasseurs sont prêts aux pires bassesses pour les récolter avant de probables rivaux. C'est ainsi qu'une période de razzias catastrophiques pour l'environnement s'amorce dans le but de conquérir tous les plus grands trésors de cette famille exceptionnelle.
Inconscients des conséquences à long terme, les chasseurs d'orchidées ont alors l'habitude de brûler les champs de fleurs qu'ils ne peuvent rapporter ou encore d'abattre les arbres qui abritent les spécimens poussant sur des branches inatteignables. Plusieurs espèces sont totalement éradiquées après le passage de ces fous furieux. Mais les commanditaires payant de gros montants pour s'assurer les honneurs de l'exclusivité, les aventuriers ne reculent devant rien. Pas même devant les indigènes qui les capturent pour les occire, pas même devant le spectre de certaines maladies tropicales qui promettent la mort et de bien intolérables souffrances. Celle que l'on appelle l'orchidée est devenue un symbole de distinction inestimable, la quête d'un nouveau Graal.
Tandis que les mercenaires de l'orchidée parcourent le monde à sa recherche, les botanistes européens oeuvrent à mettre en place des standards de classification afin de l'étudier. En 1862, après des années d'observation, Charles Darwin (1809-1882) publie son essai : "De la fécondation des Orchidées par les insectes et des bons résultats du croisement". Cet ouvrage sera la base de nombreuses théories qui découleront de ce travail de fond et d'une meilleure compréhension de la complexité reproductrice des orchidées.
La reproduction des orchidées, comme pour la majorité des plantes à fleurs, se produit par pollinisation. Les orchidées, en plus de leur beauté et de leur diversité, dévoilent lors de ces fêtes de la fécondation, des ruses et des stratagèmes spectaculaires. Pour attirer les insectes, les orchidées présentent différentes approches. Certaines espèces offrent un nectar ou des nutriments dont les insectes raffolent. D'autres émettent des odeurs attirantes afin de consolider leur pouvoir de séduction auprès des petits transporteurs de pollen. Quelques orchidées proposent quant à elles le gîte pour la nuit, leur physionomie les dotant d'une corolle formant une sorte d'abri protecteur. Parmi les plus rusées, on retrouve aussi les orchidées mystificatrices, celles qui prennent l'apparence de fleurs nectarifères pour leurrer les insectes. Mais pires encore sont les orchidées trompeuses imitant la femelle d'un insecte.
Cette stratégie, poussant la malice à son paroxysme, voit le labelle de la fleur mimer la femelle de l'insecte, ajoutant à l'artifice visuel, le simulacre olfactif ainsi qu'une feinte pilosité qui berne à 100 % le pauvre mâle. Mais elle est tout à l'avantage de l'orchidée qui attire par cette stratégie une sélection spécifique d'insectes. Enfin, on distingue aussi quelques excentriques qui présentent la particularité de l'auto-pollinisation. Autre singularité du processus de reproduction des orchidées : la relation symbiotique avec un champignon microscopique. Pour qu'il y ait germination après fécondation, l'orchidée nécessite l'intervention de champignons qui pénètrent les racines et nourrissent les graines en gestation. Toute orchidée sauvage naît de cette fusion singulière.
Jusqu'à nos jours, la passion des orchidées n'a jamais cessé de croître et de faire des adeptes dans tous les coins du monde. Leur splendeur convainc de nombreux botanistes et apprentis botanistes à y consacrer leur vie. Depuis que l'on a compris leur mode de reproduction, les spécialistes ont créé plus de 100 000 hybrides horticoles. Les plus célèbres d'entre elles sont assurément celles appartenant au genre Vanilla. Mais ce ne sont pas les plus prisées lorsque vient le temps de les cultiver à la maison. La plupart des gens opteront plutôt pour les Phalaenopsis hybrides. Leur adaptabilité aux climats des maisons en fait des candidates idéales. Le genre de celles que l'on appelle également Orchidées papillon compte 50 espèces et plus d'un millier d'hybrides. Leurs formes et leurs coloris se déclinent presque à l'infini et leur entretien reste d'une simplicité rassurante. Elles appartiennent à l'un des genres les plus florifères, ce qui explique en partie leur immense popularité. Pouvant atteindre jusqu'à 60 cm de hauteur, les Phalaenopsis préfèrent vivre dans un environnement à 20 °C, caressées doucement par les rayons d'un soleil indirect. Pour tout dire, l'orchidée a tout pour séduire !
Pour réussir avec les orchidées, il faut de l'amour, beaucoup d'amour… Et de l'attention. Parions maintenant que si l'adoption d'une orchidée vous comble de bonheur, vous compterez bientôt parmi les millions d'orchidophiles de la planète !