La plage, comme un lit douillet que la nature entretiendrait sans relâche pour plaire aux estivants, compte toutefois une ennemie implacable : l'érosion. Chaque année, les littoraux, partout sur la planète, subissent un recul et une destruction progressive de leurs rivages.
L'eau et ses différents mouvements grignotent peu à peu des mètres de terre supplémentaires et diminue l'espace réservé aux plagistes. Or comment les propriétaires de plages, qui font des affaires en or, aménagent-ils ces territoires de vacances ? En important du sable, cela va de soi !
Peu d'entre nous savent que des tonnes de sable sont extraites chaque année du fond des grands cours d'eau afin d'être déposées sur les littoraux les plus populaires d'Europe, et notamment en France. La Côte d'Azur, par exemple, est aménagée à 90 % et sans cette organisation, et sans les épis protecteurs que l'on y a réalisé pour empêcher la mer d'envahir le littoral, le tourisme tomberait dans une crise récessive évidente.
Le sable des plages n'est pas un cadeau des dieux, il est le fait des hommes qui tentent à tout prix de sauver une industrie qui rapporte gros : le tourisme de plage.
Selon le cycle naturel à l'origine du sable, l'érosion des montagnes et du continent nourrit les fleuves, ce qui a pour résultat la création de sable marin. Toutefois, l'homme ayant construit de nombreux ouvrages (barrages, digues, etc.) dans les cours d'eau, le retour des sédiments sur le littoral est par conséquent entravé. Déjà, une quantité considérable de sable est sacrifiée au large, avalée par les fonds marins ou encore par des canyons abyssaux (par exemple la faille de Cap-Breton, profonde de 3 000 mètres.).
Un autre phénomène naturel structure un équilibre fragile dans la présence de sable sur les berges. En été, le roulis des vagues (ou la houle) draine le sable des fonds vers le rivage, processus qui est inversé cependant au cours de la saison hivernale alors que les tempêtes repoussent le sable vers le large. Mais les plages comptent aussi sur l'action d'un courant parallèle à la côte que l'on appelle "dérive littorale" et qui apporte sur les rives des milliers de m³ de sable raclé des fonds par les vagues.
Enfin, l'érosion des falaises laisse aux pieds des vagues des millions de galets que le ressac finit par réduire en grains de sable sur les rivages. Ces processus naturels de fabrication du sable restent aujourd'hui instables et surtout menacés par les différentes interventions humaines (aménagements en mer et sur les côtes, par exemple).