Après les barrages, les digues, les épis pour retenir le sable, les bouleversements climatiques, les gestionnaires de plages font désormais appel à des compagnies spécialisées dans le dragage de sable. À ce titre, ce sont les Néerlandais, équipés de bateaux de dragage pompant jusqu'à 110 m de profondeur, qui raflent le plus de contrats. Désormais, beaucoup de pays côtiers font confiance à la science du drainage de sable des Pays-Bas et c'est plus de 60 millions de tonnes de ce minéral que leurs dragueurs arrachent aux fonds marins chaque année.
Mais pour déverser ces tonnes de sable sur les plages, certaines municipalités paient le prix fort. Au printemps 2004, La Baule a investi 6 millions d'euros pour un aménagement sableux de 350 000 tonnes sur 3,3 km, opération qui a duré 4 mois. Or cette mise en œuvre gigantesque n'est pas durable et chaque année, La Baule doit se refaire une beauté, faute de quoi sa plage ne sera plus fréquentée. Idem pour Châtelaillon qui, depuis un premier aménagement, en 1989, de ses rivages grâce à 330 000 m³ de sable, doit chaque printemps réaménager à raison de 10 000 à 30 000 nouveaux mètres-cube du précieux minéral.
La France, avec ses 3 427 km longeant l'océan et ses 1 700 km en bordure méditerranéenne, est loin d'une solution, à la fois écologique et économique, pour remédier à ce problème d'érosion du littoral. Face à l'augmentation du niveau de la mer (on prévoit une montée de 44 cm d'ici la fin du siècle) et à l'augmentation de tempêtes intenses causées par le réchauffement climatique, les experts ne sont guère optimistes face au recul des littoraux.
Mais les stations balnéaires n'ont pas dit leur dernier mot. Certaines avenues novatrices sont envisagées. Ainsi, des méthodes plus écologiques comme le processus naturel de dépôt d'herbes marines sur les rivages, les posidonies, qui ont pour vertu d'immobiliser le sable sur la plage, pourraient s'avérer une solution durable. Le concept de l'Ecoplage suscite également quelque intérêt parmi les gestionnaires de plages.
Importé du Danemark, le procédé consiste en l'installation d'un système de drains sous le sable, maintenu en action par une station de pompage. Le sable est préservé sur la plage, celle-ci faisant alors figure d'éponge. Toutefois, le coût pour ce type d'opération est encore si élevé que peu de municipalités y souscrivent à l'heure actuelle. Aux Sables-d'Olonne, il en coûte 1 million d'euros pour munir 700 m de cette technique novatrice. Un prix qui, pour l'instant, ne peut que refroidir les plus ardents défenseurs de la cause environnementale !
Or, à moins que l'accès aux plages ne devienne payant sur les littoraux français, il faudra continuer de faire appel aux aspirateurs de sable néerlandais, capables de draguer en eau profonde et de recracher des tonnes de sable sur les plus belles plages de France. Et soyons honnêtes, même aménagées à grands frais, les plages françaises restent un attrait touristique dont les retombées économiques sont colossales, et surtout incontournables pour la bonne santé de certaines communes…