Tous les amateurs de ski, de snowboard ou de sports d'hiver en montagne le confirment : prendre le risque de s'engager sur des pentes dangereuses, c'est s'offrir le luxe d'affronter le colossal monstre blanc, celui qui tue assurément malgré sa magnificence et les décharges d'adrénaline qu'il ne manque pas de procurer à ses futures victimes.
L'avalanche n'est pas toujours prévisible. Quoique les moyens d'évaluer son potentiel de déclenchement sont de plus en plus fiables, il n'en reste pas moins qu'elle est parfois provoquée par la témérité des sportifs qui font fi des mises en garde et des avertissements les plus rigoureux. Et cela est dramatique, car les avalanches ne sont pas seulement mortelles pour les skieurs et les intrépides, adeptes des descentes extrêmes ; elles peuvent également déborder des massifs d'origine, dévaler les pentes à des vitesses aussi folles que 350 km/h et ensevelir chalets, maisons, randonneurs, animaux, etc.
On observe différents types d'avalanche. Dans le déclenchement, les avalanches de plaques font le plus de victimes. Impliquant une couche fragile sous-jacente de neige à faible cohésion, elles détachent des quantités importantes de neige, entraînant la descente jusque très loin du point de rupture initial. La neige dévale alors la pente en couches de composition différente : une couche de décrochage qui se comporte à la manière d'un tapis roulant ainsi que des couches superficielles constituant la masse principale de neige s'engageant dans la descente. Un autre type d'avalanche est dit à départ ponctuel. Il s'agit d'avalanches de moindre importance, provoquées par un intervenant le plus souvent et n'engageant que de plus petites quantités d'une neige poudreuse ou d'une neige de fonte chargée d'eau. Elles partent généralement en dessous de l'intervenant. On distingue aussi les avalanches spontanées, déclenchées par la transformation naturelle du manteau neigeux, les avalanches accidentelles, elles aussi causées par une action humaine ou encore les avalanches artificielles, obtenues de façon volontaire suite à l'utilisation d'explosifs, procédé destiné à devancer l'avalanche afin de mieux la contrôler et d'en minimiser les dégâts.
L'avalanche peut s'écouler de deux façons : l'écoulement de neige coulante et l'écoulement en aérosol. Les avalanches de neige coulante concernent tous les types de neige. C'est un écoulement granulaire de neige se produisant sur des pentes dont l'inclination est assez faible. L'avalanche en aérosol est pour sa part extrêmement dangereuse dans son débit d'écoulement. C'est ce type d'avalanche qui peut atteindre jusqu'à 350 km/h en descente, ne laissant aucune chance aux éléments se trouvant sur son passage. Cet effet aérosol, provoqué par de fines particules de neige, donne à l'avalanche une force herculéenne lui permettant même de traverser des vallées pour remonter sur un versant opposé, pouvant également dévaster massifs forestiers et autres obstacles considérables.
C'est lors de ce type d'avalanche que le risque de mort par ensevelissement est le plus élevé. Mais que faire dans ces cas précis ? On recommande à la plupart des sportifs de montagne de se munir d'une poche d'air. On encourage aussi les skieurs et randonneurs à ne pas quitter les sentiers ou pistes autorisées de même que de respecter les mises en garde dispensées par les gestionnaires des sites.
Si malgré toutes les précautions observées une personne est victime d'ensevelissement après une avalanche, sachez que 93% des personnes secourues dans les premières 15 minutes suivant le recouvrement par la neige survivent. Au-delà de cette période, il y a risque d'asphyxie entre 15 et 45 minutes et risque d'hypothermie par la suite. La phase de survie se situe entre 0 et 15 minutes ; la phase d'asphyxie entre 15 et 45 minutes ; la phase latente se déroule entre 45 minutes et le moment du sauvetage ; la phase de sauvetage commence dès l'étape d'intervention des secouristes.
On estime que ce sont les compagnons qui peuvent intervenir efficacement dans la plupart des cas. Si l'on tient compte du fait qu'il faut au moins 5 à 10 minutes pour repérer une personne ensevelie et qu'il faut encore de 5 à 10 nouvelles minutes pour déblayer un mètre de neige, les chances de survie restent minces. Mais de quels instruments doivent disposer les compagnons afin de secourir leurs amis ? D'abord l'Appareil de recherche de Victimes d'Avalanche (ARVA) qui, à titre d'émetteur/récepteur, permet de localiser la victime. Il s'agit d'un système établissant une liaison entre les personnes, un peu à la manière de talkie-walkie, en émettant des signaux sonores et il se porte sous les vêtements. Ensuite la sonde, elle indique la profondeur à laquelle se trouve l'individu. Enfin la pelle. Elle doit être pourvue d'un vrai manche afin de gagner cette course contre le temps.
En France, chaque année une centaine de personnes perdent la vie dans les avalanches. Les systèmes de protection comme l'Airbag ABS (protégeant de l'ensevelissement) ainsi que l'Avalung (évitant la suffocation pendant l'ensevelissement) présentent le désavantage de nécessiter la mise en marche par la victime au moment même où se produit l'avalanche. Tout se joue donc au niveau de la prévention ainsi que dans l'observation de la plus grande prudence.
Et maintenant, lancez-vous à l'assaut de la montagne en respectant les consignes de sécurité. Rien ne sert d'être intrépide à outrance, la montagne risquerait de vous avaler…