Femme libre donc, la Malibran ne se contente pas de seulement chanter ; elle compose aussi. On la compare même à Hector Berlioz tant sa précision d'écriture et son naturel mélodieux lui attirent les bonnes critiques.
Dotée d'un esprit vif et rempli d'humour, Maria a besoin d'occuper un espace physique et pour cela elle pratique des sports vigoureux : équitation et natation remportent la palme lorsqu'il est temps pour elle de se dégourdir un peu. Décidément, la cantatrice espagnole ne fait pas les choses comme les autres.
Elle dévore littéralement la vie, ne perdant pas le moindre instant, goûtant intensément toutes les émotions que lui prodigue son existence exceptionnelle.
Puis, loin de la scène, Maria est encore une épouse amoureuse. Mariée à Bériot à qui elle donne un fils en 1833, Charles Wilfrid, lequel deviendra pianiste virtuose et enseignera à Maurice Ravel (1875-1937), la diva vit sur un domaine à Manchester au Royaume-Uni avec sa famille. C'est là qu'elle bichonne les siens, les entourant d'amour et de tendresse.
C'est là qu'elle vit pleinement sa passion des chevaux, passion qui lui sera hélas fatale. Alors qu'elle est enceinte de nouveau, Maria fait une mauvaise chute de cheval au cours de l'été 1836.
Malgré son état précaire, elle continue de monter sur scène ; elle ne se donne pas le droit de décevoir ce public qui l'aime tant.
Mais épuisée, elle meurt en septembre, ne s'étant jamais remise de son accident équestre. Maria-Félicia n'a que 28 ans. Bériot, désemparé, rapatrie son corps à Bruxelles et lui fait ériger un mausolée admirable dans le cimetière de Laeken.
Méconnue des publics modernes, la Malibran reste une figure marquante de l'opéra, une cantatrice à la voix exceptionnelle, un modèle pour des générations de chanteuses, dont sa sœur Pauline (1821-1910) qui n'égalera jamais la beauté de sa voix, mais qui brillera à sa façon pour ses contemporains.
D'une beauté émouvante, d'un tempérament fort, celle qui n'a rien cédé à son père despotique en matière de virtuosité, est morte bien trop tôt.