Ce sont ces chœurs qui ouvriront, en quelque sorte, le chemin au théâtre, dans une structure scénique organisée. Représentations en plein air, souvent données sur des places entourées de gradins, les chorales religieuses vont se modifier au fur et à mesure du temps qui passe.
Dès le 2e siècle av. J.-C., ce sont des chœurs de femmes, chantant et dansant, qui se produisent sur les places publiques afin d'exécuter certains rituels religieux. Un peu plus tard, on fera place aux aèdes qui déclament les plus beaux vers de la poésie épique sur fond d'accompagnement musical.
C'est surtout lors de somptueux banquets que ces manifestations poétiques apparaissent. Peu à peu, le jeu d'acteur entrera dans le récital et l'on organisera même des concours autour de cette nouvelle forme d'expression.
Alors que certaines cérémonies funèbres mettent en scène des individus déguisés pour pleurer ou chanter l'épopée terrestre du mort, on peut risquer l'idée que le théâtre soit né de cet amalgame de coutumes et de rites, à la fois religieux et civiques. Mais de façon plus concrète, on peut situer la naissance de la scène théâtrale autour de 500 av. J.-C., alors que s'organisent dans les cités des concours tragiques (501 av. J.-C.) et des concours comiques (487 av. J.-C.).
Ces fêtes, toujours en hommage à Dionysos, se déclinent en trois formules : les Lénéennes (fin janvier), les Grandes Dionysies (fin mars) ainsi que les Dionysies rurales (fin décembre).
Ces compétitions mêlent le chant, la poésie, la danse, la musique et les prestations d'acteurs. Elles sont ouvertes à tous, citoyens comme étrangers, et subventionnées, pour une part par les plus riches, et pour l'autre part par l'État.
Il faut dire que les organisateurs de ces représentations immenses prennent en charge des coûts exorbitants afin de payer l'entretien du site, couvrir les frais des décors, des masques et des costumes, et enfin défrayer les salaires des choristes et autres protagonistes du spectacle. En ces temps-là, les notables grecs n'ont toutefois pas la possibilité de refuser ces dépenses, sous peine de procès.
C'est à la même époque que l'on situe l'apparition des premiers théâtres, érigés sur des sites extérieurs, présentant la particularité d'une colline ou d'un relief naturel pour y adosser la scène.
Cette scène, composée d'un mur à deux étages (skénè) ainsi que d'une aire circulaire (orchestra) destinée à l'orchestre et au chœur, se trouve souvent en bassin tandis que les gradins (cet espace est appelé theatron) se distribuent autour en suivant une pente bien définie et sont traversés par des escaliers (kerkides) permettant une libre circulation.
Déjà, des systèmes de trappes, de rampes, de terrasses, d'échelles, de grues, de plates-formes à roulettes, etc., existent pour créer l'illusion d'apparitions divines ou pour permettre les changements de décors ou de costumes.
Au fil des siècles, le théâtre grec, d'abord codifié par une influence religieuse, se démocratise et devient le fait d'œuvres littéraires, expressément créées pour occuper et exploiter son espace physique. Doucement, le théâtre glisse du côté de Rome pour prendre une dimension plus politique.
Le premier auteur de théâtre latin connu est, deux cents ans av. J.-C., le Tarentin Livius Andronicus (270?-205? av.J.-C.). On lui doit l'invention de la dramaturgie théâtrale latine. C'est lui qui apporte au théâtre l'idée d'alterner les dialogues (diverbia) et les chants (cantica). C'est également lui qui compose les premières tragédies en latin, rompant ainsi avec la traditionnelle langue grecque.
Ennius (239-169 av. J.-C.), Accius (170-86 av. J.-C.), Sylla (138-78 av. J.-C.), Cicéron (106-43 av. J.-C.), Sénèque (4 av. J.-C. – 65 ap. J.-C.) sont quelques-uns des plus grands tragédiens qu'aura connus la Rome antique.
Les auteurs de comédies, plus légers et plus populaires, versent dans la dérision et la satire. Plaute (254-184 av. J.-C.), Caecilius Statius (230-168 av. J.-C.), Terence (185?-159 av. J.-C.), figurent parmi les plus renommés de ceux qui auront, sous couvert de farces, critiqué les débordements romains.