Vers 23 av. J.-C. le pantomime est porté aux nues par Bathylle d'Alexandrie et Pylade de Cilicie. Les acteurs de pantomimes deviennent de véritables stars dans l'empire et le public, aussi bien pauvres que riches, aussi bien esclaves que notables, leur pardonne tout, jusqu'aux pires dépravations.
En fait, ces histrions de fortune savent si bien danser, si bien transmettre les émotions par la grâce et la beauté de leurs gestes, que même les empereurs leurs vouent un culte démesuré. Ils ne se priveront d'ailleurs pas d'user de cet ascendant pour changer des décisions politiques ou encore pour décider du sort de quelque personnage qu'ils souhaitent promouvoir ou déchoir.
Quant à la participation des femmes dans l'univers du théâtre, ce n'est qu'au 1er siècle av. J.-C. qu'elles montent enfin sur la scène romaine. Elles font partie de troupes de mimes et tiennent tous les rôles féminins. Très tôt, elles deviennent si populaires que leur succès s'approche de celui des pantomimes.
Alliant le chant, la danse et le mime, elles jouent sans masque et le public les adule. Dionysia, Volumnia Cythéris, Bassilla d'Aquilée, Pélagie (sainte), Théodora (qui devient impératrice en 527 apr. J.-C.) représentent quelques-unes des figures marquantes du théâtre au féminin.
Cet accès à la scène pour les femmes est sans doute l'une des plus grandes révolutions du théâtre antique. Mais le moyen-âge, hélas, relèguera aux oubliettes cette percée, jusqu'au 16e siècle du moins (grâce à la comédienne Marie Ferré en 1545), pour ce qui est des rôles féminins assurés de façon professionnelle.
Aujourd'hui, on ne saurait affirmer que le théâtre a beaucoup évolué, si ce n'est des moyens techniques hyper sophistiqués qu'il emploie. Depuis les civilisations gréco-romaines, aucune grande innovation n’a modifié l'art théâtral.
On joue encore parfois le répertoire gréco-romain et, outre le fait que la scène reste propice à des prouesses de jeu ou d'écriture hors du commun, le théâtre est sans doute l'un des arts les plus achevés du temps même de sa création.
Évincé depuis l'avènement du cinéma, que l'on serait tenté d'interpréter comme sa grande mutation (ce qui n'est pas le cas, le théâtre et le cinéma étant des arts aussi distincts que la peinture l'est de la photographie), l'art théâtral peine à intéresser le spectateur du 21e siècle.
Il est vrai que le cinéma dispose de plus de moyens visuels pour émerveiller son public. Mais il est aussi vrai, que pour ceux qui ménagent à l'authenticité une place singulière, rien ne vaut les battements de cœur des comédiens sur scène, leur trac véritable, leur souffle précipité par l'émotion réelle, leurs maladresses spontanées, impossibles à récupérer en criant : COUPÉ ! Le théâtre, c'est l'art de la complicité, un art de l'intimité…