Le continent perdu de Mu, à l'instar de l'Atlantide, suscite un intérêt scientifique certain, ne serait-ce que pour en invalider l'existence. Il s'agirait d'un continent mythique, englouti depuis 12 000 ans av. J.-C. afin d'en punir les orgueilleux habitants.
L'idée du continent Mu fut apportée par le mayaniste Augustus Le Plongeon (1825-1908) au 19e siècle. Après avoir étudié la traduction du fameux Codex tro-cortesianus par le missionnaire Brasseur de Bourbourg (1814-1874), Le Plongeon cru en l'existence d'un continent disparu qu'il situait dans l'océan Atlantique.
Habité par une civilisation des plus avancées du point de vue technologique, Mu aurait été à l'origine des secrets architecturaux qui donnèrent naissance à toutes les grandes pyramides sur la planète.
Quelques années plus tard, le colonel James Churchward (1852-1936), publia un ouvrage qui fit sensation : Le continent perdu de Mu (1926). Churchward localisait le continent englouti dans le Pacifique, contrairement à Le Plongeon, et fondit son hypothèse de l'existence du continent sur la découverte de tablettes, en Inde et au Mexique, dont la signification en langage sacré Mu lui aurait été révélée grâce à ses connaissances de cette langue, apprise jadis auprès d'un vieux prêtre d'Asie.
Les tablettes livrèrent donc la vérité au sujet de l'origine du monde : Mu était le berceau de toute civilisation, et ce, bien avant Atlantide. Aujourd'hui, les hypothèses de Churchward sont infirmées, de même que la traduction opérée par Brasseur de Bourbourg qui fait figure de fantaisiste aux yeux des scientifiques actuels, l'écriture maya n'ayant été véritablement décodée qu'à partir des années 1970.
C'est notamment au cryptozoologue Michel Raynal (1955-) que l'on doit l'identification des erreurs les plus probantes quant aux spéculations de Churchward. Dans son ouvrage L'oiseau énigmatique d'Hiva-Oa, Raynal apporte la preuve que le continent Mu est une invention de Churchward. Il met d'abord en doute les fameuses tablettes Naacal que personne n'a jamais vu, outre Churchward, il observe que Churchward prétendait avoir traduit les tablettes de l'île de Pâques jusqu'ici indéchiffrables au reste de la communauté scientifique mondiale, il allègue de différentes erreurs de localisation de la part de Churchward qui, par exemple, situe la Porte du Soleil à Tiahuanaco au Pérou alors qu'elle se trouve en Bolivie, et il évoque les connaissances actuelles en géologie et en géophysique qui invalident l'existence d'un continent dans le Pacifique à l'époque où Churchward semble le situer.
Or pour les disciples de Mu, ces assertions signent malheureusement la fin d'un merveilleux espoir…
À l'époque des Croisades, la vie des chevaliers était une guerre perpétuelle. Aussi, pour remonter le moral des Croisés, l'on évoquait plusieurs légendes exaltant au courage et au dévouement absolu. Toutefois, l'une de ces légendes se distingue par son caractère singulier : le mythe du Royaume du Prêtre Jean. La propagande concernant un royaume fabuleux dirigé par un prêtre chrétien commence à circuler dans l'entourage des rois de la chrétienté vers 1165, à l'ère de la seconde croisade. Les rumeurs soufflent depuis Venise et l'Arménie. À ce que l'on dit, le royaume du Prêtre Jean serait en Inde ou en Afrique, mais on ne sait trop où le situer avec précision.
Puis une lettre, rédigée en latin, arrive. Elle est de la main même de ce mystérieux Prêtre Jean et elle s'adresse à l'empereur Manuel Ier Comnène de Byzance :
"Au-delà de la Perse et de l'Arménie, s'étend un merveilleux royaume dirigé par le Prêtre Jean. Cette terre est traversée par un fleuve provenant du Paradis, charriant émeraudes, saphirs et rubis. Toutes les valeurs chrétiennes sont respectées à la lettre. Le vol, la cupidité, le mensonge sont inconnus. Il n'y a pas de pauvres. Surtout pas le Prêtre Jean, dont le palais sans fenêtre est éclairé de l'intérieur par toutes les pierres précieuses dont il est paré…"
Cette lettre frappe les imaginations. Le Prêtre Jean, qui ne donne pourtant aucune spécification géographique sur sa position, affirme cependant régner sur l'ancienne Babylone ainsi que sur l'une des trois Indes (les trois Indes étant vraisemblablement à l'époque la Chine, l'Inde et l'Éthiopie). Pour les rois et les Croisés, le Royaume du Prêtre Jean devient un allié potentiel contre les hérétiques.
Le mythe prendra une ampleur inespérée. L'explorateur Marco Polo (1254-1324) et le chroniqueur Jean de Joinville (v.1224-1317) attestent même de son existence, avançant toutefois la possibilité que le Royaume ait été écrasé par les invasions tartares. Pourtant, les Européens ne veulent pas cesser d'y croire au cours des siècles qui suivent.
En 1323, dans ses Mirabilia, Jourdain de Séverac (?-v.1330), associe le Prêtre Jean au Négus, empereur de la lointaine Éthiopie et souverain des monophysites. Or les Portugais continuent désespérément leurs recherches, poussant jusqu'au royaume éthiopien qu'ils atteignent vers la fin du 15e siècle.
L'histoire du royaume fabuleux du Prêtre Jean, débordant de trésors et d'animaux exotiques (griffons, ours blancs, éléphants…) a tellement marqué la foi des chrétiens que l'explorateur portugais Pêro da Covilhã (1460-1526), plus de trois cents ans après la naissance du mythe, arrive en Éthiopie avec une lettre du roi du Portugal adressée au Prêtre Jean.
Ce qui prouve que dans le cœur des hommes, Jean et son royaume paradisiaque se réclament de toute éternité !
Et ce qui confirme que les mondes disparus ne cessent jamais vraiment d'exister dans l'imaginaire parce qu'ils nourrissent l'espoir d'un meilleur possible…