À l'instar de son Phare, Alexandrie avait encore sa grandiose bibliothèque pour faire de sa renommée une affaire connue de tous. Construite en 288 av. J.-C., la plus importante bibliothèque de l'époque, faisait partie d'un vaste complexe aménagé sous les ordres de Ptolémée, qui abritait également un musée, une université ainsi qu'une académie.
Véritable temple des sciences et des arts, cette cité dans la cité était le lieu de culte de tous les intellectuels des régions avoisinantes. La bibliothèque doit surtout sa célébrité aux 700 000 ouvrages qui y furent conservés.
Ptolémée y fit venir des ouvrages de partout et les fit traduire en grec afin de constituer un fond de collection incomparable dans le monde Antique. En plus de l'accès direct aux manuscrits, les recherches scientifiques s'exécutaient sur le site du musée, qui mettait à la disposition des savants toutes les ressources nécessaires à leurs expérimentations.
On peut dire du musée-bibliothèque qu'il fut une sorte de laboratoire précurseur, d'une certaine manière, célébré par tous les érudits de ces temps anciens, dont le concept fut perpétué jusqu'à nos sociétés modernes.
Entre 47 av. J.-C. et 642 ap. J.-C., la prodigieuse bibliothèque d'Alexandrie fut tour à tour incendiée, détruite, reconstruite, détruite à nouveau, reconstruite encore et encore, jusqu'à ce que l'on en vole la plupart des documents pour obéir aux consignes d'un certain calife Omar.
Cette explication reste toutefois douteuse car les faits n'en sont relatés que trois siècles plus tard par un auteur chrétien, en des temps où les guerres de religions ne faisaient que commencer.
Aujourd'hui, il ne reste presque rien des splendeurs de l'Alexandrie antique. Que la nostalgie de sa brève renaissance, pendant le 19e siècle, moment de grâce absolu au cours duquel Alexandrie redevint une ville magique avec son ouverture sur le monde, et l'accueil inégalable qu'elle fit à toutes les communautés ethniques, toutes les religions, toutes les langues.
Elle fut à cette époque la cité exemplaire du cosmopolitisme.
Aussi pour ceux qui auraient le spleen d'une Alexandrie de légende, le célèbre écrivain Lawrence Durrell a laissé un cadeau inestimable aux lecteurs du monde entier sur cette ville remarquable, son fantastique Quatuor d'Alexandrie…