La tombe est celle de Mumtaz Mahal, seconde femme et favorite de l'empereur moghol Shah Jahan, morte en 1631 à 38 ans. Elle venait de mettre au monde un quatorzième enfant.
On prétend que les cheveux de l'empereur devinrent gris dans la nuit qui suivit la mort de son épouse adorée.
La légende veut aussi qu'il recruta un architecte originaire d'Iran, Isa Khan, dont il tua la femme pour qu'il éprouve vivement la douleur de perdre sa bien-aimée. De cette façon, l'empereur croyait que le pauvre architecte trouverait l'inspiration nécessaire à la réalisation d'un chef-d'oeuvre.
Bien que ce cruel procédé ait fonctionné, les travaux s'étendirent sur 17 années de besogne laborieuse, de 1631 à 1648. Cette entreprise déraisonnable mit à sec les finances du royaume et l'empereur fut renversé en 1658, par l'un de ses fils.
On l'enferma alors dans une chambre du fort rouge d'Agra, donnant sur le Taj Mahal où il termina sa vie, le regard porté sur le dernier refuge de cette femme qu'il avait tant aimé !
La particularité du Taj Mahal est d'être saisissant de beauté, qu'importe l'angle duquel l'on se place pour le regarder.
Érigé sur une base de grès rose, ce monument splendide, qui atteint 56 mètres de hauteur, à la fois imposant et élégant, est d'une symétrie époustouflante. Octogonal, le bâtiment funéraire central est surmonté d'un dôme. Il est également entouré de quatre minarets (tours de prière) identiques et d'un jardin semé de fontaines.
Le site du Taj Mahal se compose aussi d'un canal à quatre branches, menant jusqu'au mausolée, divisant de façon équivalente le jardin en quatre et accentuant davantage la symétrie du site tout entier.
Ce chef-d'oeuvre de l'art musulman compte, sur son flanc gauche, une mosquée destinée à la sanctification du lieu en plus de fournir un endroit de culte aux pélerins.
Du côté droit, se trouve une réplique exacte de la mosquée, connue sous le nom de jawab ("réponse"), vouée à maintenir la symétrie architecturale. On n'y prie pas comme à la mosquée cependant car elle n'est pas orientée vers la Mecque.
Seule la tombe de l'empereur Shah Jahan brise la symétrie car celui-ci repose à côté de son épouse favorite dont la tombe, elle, est située en plein milieu du mausolée.
La présence du tombeau de l'empereur n'avait pas été prévue à l'origine.
On sait que le bâtiment est construit en marbre blanc du Rajasthan, auquel l'on a ajouté une grande quantité de pierres semi-précieuses provenant de toute l'Asie.
La presque totalité des murs est recouverte de plaques de marbre, magnifiquement ornées de motifs décoratifs, faits à partir des cargaisons de pierres (technique de la pietra-dura) et représentant des fleurs, des rinceaux et des versets du Coran.
À travers les siècles, les invasions successives mirent en péril cette merveille à plusieurs reprises. Toutefois, aucune catastrophe ne porta atteinte à sa magnificence.
À l'heure actuelle cependant, un autre problème majeur la menace : la pollution.
Agra, ville industrielle où les gaz toxiques font des ravages dans l'atmosphère, n'est pas l'endroit idéal pour la préservation de ce temple. Le marbre est fragilisé par un effritement du aux gaz et une décoloration navrante l'abîme doucement.
Depuis 1983, cette construction extraordinaire est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. En 1996, le Taj Mahal fut classé par le Fonds Mondial des Monuments. Heureusement, on croit que les mesures de protection sont si strictes aujourd'hui qu'il serait maintenant hors de danger.
Le Taj Mahal reste l'une des plus admirables édifications humaines jamais réalisées. Chaque année, plus de 3 millions de gens le visitent. On l'a variablement qualifié comme "la vision matérielle de l'amour", "le rêve de marbre", "le noble tribut à la grâce de la féminité indienne" ou encore "la resplendissante et immortelle larme versée sur la joue du temps".
Aujourd'hui, il symbolise la diversité de la culture indienne, création menée par un empereur musulman sur les terres d'un peuple hindou. Ajoutons encore qu'il figure parmi les plus grandes oeuvres architecturales dans la course aux 7 merveilles du monde moderne.
Enfin, si l'humanité s'accorde à admirer cette splendeur intemporelle, c'est peut-être parce que l'amour, valeur universelle à la différence de la religion, en est l'inspiratrice.