Figure mythique donc, la Mother Road devient au cinéma l'alibi de nombreux road movies dont certains restent gravés dans les mémoires.
Le magnifique Bagdad Café (1987), de l'Allemand Percy Adlon, qui remporte le César du meilleur film étranger en 1989, en est un merveilleux exemple. Une famille perdue et dysfonctionnelle qui tente tant bien que mal de survivre grâce à son motel/resto/poste d'essence, c'est l'archétype même du genre de paumés qui opèrent les haltes tout au long de cette route.
Passage obligé également, la Mother Road s'inscrit dans la lignée des itinéraires qui changent les philosophies de vie.
Le Easy Rider de Dennis Hooper (1969), film culte qui raconte comment deux jeunes motards découvrent l'Amérique profonde et raciste, change considérablement les perpectives idéologiques des deux protagonistes.
Puis l'extraordinaire Thelma et Louise de Ridley Scott, réalisé en 1991, film où deux femmes opprimées découvrent, par le biais de leur périple, que la liberté n'a pas de prix et qui préfèreront la mort à la captivité sociale.
Enfin, le poète et écrivain Jack Kerouac (1922-1969), qui publia On the Road en (1957) donne aussi à la Route 66 une image héroïque et tout au long de son trajet erratique, c'est la Route qui incarne le point de conscience du narrateur.
Depuis maintenant vingt-ans, les autoroutes ont remplacé la légendaire Route 66. Ses plus longs tronçons existant encore aujourd'hui se trouvent en Arizona, la plupart d'entre eux traversant les territoires indiens.
Cela dit on continue d'entretenir sa gloire et pas moins de quinze associations sont nées pour empêcher son éradication définitive.
En 2006, le dessin animé Cars, de Disney/Pixar, trace un charmant portrait de l'univers de la Route 66. On devine alors que la légende survivra longtemps et donnera lieu à beaucoup d'autres road trip dans l'avenir...