Marié à 14 ans par des parents profondément traditionalistes, le jeune homme fonde une famille au sein de laquelle naîtront quatre fils. Habitué très jeune aux responsabilités, ce garçon pourtant timide quitte les siens en 1888 pour aller étudier le droit en Angleterre. Le jeune homme est alors fasciné par la culture britannique, par les manières anglaises et son objectif est de s'imprégner de cette façon de vivre. Il vit en plein cœur de la puissance colonialiste et commence à prendre la mesure des inégalités qui l'entourent.
Étudiant enthousiaste, Gandhi se familiarise, à travers des textes sacrés de l'hindouisme, du christianisme, du bouddhisme, et d'autres textes encore, avec le concept de non-violence qui lui sera si cher par la suite. Les fondements de sa pensée concernant l'égalité entre tous se construisent doucement. Malgré cette idéologie qui étend ses ramifications dans l'esprit pur de ce jeune homme, il poursuit son droit et obtient sa licence en 1891. Il rentre en Inde, mais son désir d'identification à l'Occident est fort et sa vie professionnelle dans sa patrie ne lui sourit pas trop. En 1893, une compagnie indienne l'embauche pour défendre sa cause dans un procès en Afrique du Sud. Et là, le jeune Gandhi découvre avec horreur l'absurdité de la discrimination raciale.
Gandhi, perdu entre son besoin de justice et son admiration pour la vie à l'anglaise, gagne toutefois la cause de son client, bien qu'il prendra plus tard position pour soutenir les Anglais pendant le conflit des Boers. Dès le début des années 1900, Gandhi soulève l'opinion populaire pour amener les Indiens à s'unir dans une lutte contre les discriminations raciales. Sa pensée s'est affinée. La fin des luttes religieuses et l'abolition du système des castes sont au cœur de ses revendications. L'Inde doit mériter son indépendance, l'Inde doit briser ses chaînes. Mais pour cela, il n'existe qu'une seule voie et c'est celle de la non-violence.
Ce petit homme maigrelet au sourire perpétuel semble bien inoffensif. Il devient pourtant le leader incontesté d'un mouvement subversif qui prône la désobéissance civile et l'action pacifique. Bientôt, partout dans le monde on murmure le nom de Gandhi avec un respect sincère et les grands de ce monde lui vouent une estime considérable. Son discours empreint de tolérance, d'amour, de dignité, de justice et d'harmonie sociale lui vaut également la haine de ceux qui veulent régner au détriment des plus démunis. Le petit prophète de la non-violence devient alors le Mahatma, c'est-à-dire la "Grande Âme" et désormais, on le désignera sous ce nom.
Pendant des années, il pratique la résistance pacifique, les manifestations tranquilles, les jeûnes répétés, et sillonne l'Inde en gagnant le cœur de centaines milliers de disciples qui se battent, comme lui, pour la paix et la reconnaissance du peuple indien. Au cours de ces nombreux voyages à travers l'Inde, Gandhi parvient à éviter la guerre civile en y prêchant l'amour et la tolérance et en y réconciliant les différentes ethnies. La mort ne lui fait pas peur, Gandhi la devine bien, la frôlant régulièrement lors de ses jeûnes, mais aussi en échappant à plusieurs attentats contre lui. La prison aussi il connait. C'est d'ailleurs en période d'incarcération qu'il écrira certaines de ses plus grandes théories, notamment dans ses "Lettres à l'Ashram", écrites en 1930, alors qu'il purge une peine à la prison de Yeravda.