Si certains se débattent comme de véritables petits diablotins plongés dans un bénitier pour y échapper, la plupart envisagent cette période avec enthousiasme.
Les vacances d'été et les colos, c'est pour beaucoup la promesse d'aventures trépidantes, un moment privilégié pour explorer la nature et développer au maximum certaines aptitudes : habilités physiques, initiative, débrouillardise, sens des responsabilités, courage, maturité, etc.
C'est vers la fin du 19e siècle que naît l'idée d'offrir aux enfants d'ouvriers pauvres des vacances à l'extérieur des milieux industrialisés.
En 1876, le pasteur suisse Hermann Walter Bion croit que l'air pur de la campagne fera le plus grand bien à un petit groupe d'enfants défavorisés de Zurich.
L'expérience se révèle si bénéfique, au terme des deux semaines en milieu rural, que le pasteur se promet de répéter l'événement. Grâce à une entente avec quelques paysans et aubergistes, les jeunes vivent des moments uniques, découvrant la nature, la vie animale, les tâches paysannes, des repas sains, un sommeil sans angoisse et des activités gratifiantes.
L'année suivante, Bion remet cela et amène un plus grand nombre de gamins, portant cette fois son expédition à quatre-vingt-quatorze bénéficiaires.
Fort de son succès, Bion répand l'idée des Ferien Kolonien autour de lui et le concept fait bientôt son apparition un peu partout en Europe, en Amérique du Sud, aux États-Unis ainsi qu'au Japon.
En France, on doit la mise en œuvre d'une première colonie de vacances au pasteur Lorriaux de Clichy, en 1881. Disciple de Bion, le bon pasteur français organise une colonie appelée l'Oeuvre des Trois Semaines. L'année suivante, c'est une noble dame, madame de Pressenssé, qui crée un lieu de vacances pour les jeunes : l'Oeuvre de la Chaussée du Maine.
Or les résultats de ces entreprises auprès des enfants sont si concluants que la mode est lancée ; en 1893, c'est au tour du pasteur Comte d'instaurer la colonie des Enfants à la Montagne.
Chapeautées par différents organismes de charité laïcs ou chrétiens, les colonies de vacances se multiplient, si bien que dès 1906, une association de regroupements voit le jour, la Fédération nationale des colonies de vacances et Œuvres de grand air, composée de deux cents organismes responsables de l'encadrement d'environ 26 000 enfants sur le territoire français.
La colonie de vacances est désormais une institution qui s'élargira aux familles mieux nanties qui établiront à leur tour des lieux de vacances pour enfants fortunés.
Le premier objectif de la colonie de vacances est de soustraire l'enfant à un milieu précaire, de lui inculquer des notions d'hygiène et de responsabilités sociales, de lui permettre de connaître un univers riche de découvertes.
Prolongement de l'éducation scolaire en quelque sorte, le camp estival consiste à éveiller chez l'enfant des ambitions différentes de celles auxquelles son milieu le destine.
Au tout début de cette mode des colonies, on pèse et mesure les petits afin de marquer concrètement les effets bénéfiques d'un tel séjour sur leur santé.
Cependant, au fil du temps, les enfants pauvres ne seront plus les seuls à profiter du privilège des colonies de vacances lorsque la majorité des travailleurs y découvre une solution moderne afin de confier leur marmaille à une institution responsable alors qu'ils ne peuvent se payer des vacances familiales pendant l'été.