À titre de matière transformable, le verre fut donc découvert assez tôt dans l'évolution de l'humanité. Une légende veut que ce soit les Phéniciens qui l'aient exploité les premiers, suite à une trouvaille opportune. Ces marchands, chargés entre autres de briques de nitre, auraient fait escale pour se nourrir. Sur un amas de briques de nitre, ils auraient déposé une marmite destinée à chauffer leur repas, et y auraient allumé le feu. Mais le nitre amalgamé au sable du rivage se serait embrasé et, de cette fusion, serait né un liquide dense et translucide qui devint par la suite le verre. Cette version, que l'on doit aux écrits de Pline l'Ancien (23-79 apr. J.-C.), reste sujette à caution ; anthropologues, archéologues ou historiens ne peuvent vraisemblablement pas la valider.
Ce dont nous sommes assurés c'est que le verre existait déjà au temps d'Aménophis 1er, environ 1550 ans av. J.-C., puisque l'on a retrouvé un œil de statue en verre bleu, datant de cette époque. Plus tard, des équipes archéologiques mettront au jour des amphores et des contenants de verre datant du règne de Toutankhamon, environ 1350 ans avant notre ère. On suppose que les pièces d'alors furent moulées à froid avant d'être poncées à l'aide d'abrasif naturel. Malgré ce que révèlent les bas-reliefs égyptiens quant au soufflage du verre, on croit toutefois que ce sont les Syriens qui en développèrent les techniques, dès le 1er siècle av. J.-C.
Le verre devint alors rapidement populaire auprès de la société romaine avant de connaître un essor phénoménal par le biais de la création de la vitre. L'idée de ces "murs transparents" qui laissaient pénétrer le soleil et la lumière du jour dans les demeures provoqua un bouleversement extraordinaire dans la vie des individus. Hélas, le passage de l'Antiquité au moyen-âge fit en sorte que plusieurs techniques du verre s'égarèrent. Le temps de l'obscurantisme s'amorçait…
Bien sûr, l'on conserva certaines méthodes de transformation du verre. Mais l'on n'utilisa plus que le verre commun, lequel servait davantage à la production religieuse qu'à la fabrication de pièces destinées à l'usage populaire. Ce fut grâce aux croisades que l'Occident renoua avec l'art du verre, s'extasiant sur les butins ramenés d'Orient, transitant par l'inévitable cité portuaire qu'était alors Venise.
Entre les 13e et 15e siècles, les verriers italiens œuvrèrent à peaufiner des techniques exceptionnelles, leur permettant de créer des pièces luxueuses, des objets inestimables autant par leur valeur marchande qu'esthétique. Évidemment, les verriers italiens, forts de leur savoir-faire, eurent la bienveillance de dispenser leurs connaissances ailleurs en Europe et la France bénéficia de leurs méthodes dès le 15e siècle.
Il faut préciser cependant que des verreries existaient en sol français depuis quelques siècles déjà, notamment la première verrerie à vitres, datant de 1330 et installée à Bézu-la-Forêt, en Normandie. Puis d'autres verriers ouvrirent des ateliers en Auvergne : Chaise-Dieu, La Margeride, Thiézac, etc. Désormais, les verreries françaises n'avaient plus rien à envier aux Vénitiens.
C'est sous le ministère de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) que l'on autorisa les glaceries dans lesquelles seraient fabriqués les miroirs. Bien qu'il existait depuis le 14e siècle, le miroir ne connut une diffusion en France que trois siècles plus tard. Ce fut toutefois à ce moment que l'on fonda la Manufacture royale de glaces, en 1665 à Saint-Gobain et que la noblesse française s'enticha de cet objet fascinant qui contribua à l'édification de la Galerie des Glaces de Versailles par l'architecte Jules Hardouin-Mansart (1646-1708) entre 1678 et 1684.