On peut également situer cette période sur un territoire spécifique, à savoir l'espace territorial occupé par l'Empire romain d'Occident à l'époque. Le Moyen-Âge s'étendit sur près 1000 ans ensuite, la plupart des spécialistes associant sa fin avec la chute de l'Empire romain d'Orient, en 1453. Toutefois, certains feront plutôt concorder cette fin avec l'invention de l'imprimerie (1457) et d'autres encore avec la découverte du Nouveau Monde (1492). Convenons par conséquent que chacun s'entend pour en situer le terme dans la seconde moitié du 15e siècle. Ce qu'il nous faut surtout retenir de ce passage d'une civilisation gréco-romaine à la civilisation médiévale chrétienne, c'est la modification culturelle qui en découla. Toute influence se fit désormais par le biais de l'Église. Toute trace des cultures antiques fut soustraite à un quelque enseignement et ceux qui purent y accéder par diverses méthodes clandestines, y risquèrent parfois leur vie.
Heureusement, l'Église ne vit pas tout et la propagation du monachisme permit aux gens de l'époque d'avancer malgré tout. Benoît de Nursie, que l'on surnomma plus tard "le père de l'Europe", créa l'ordre des Bénédictins vers 530. Or c'est au cœur des abbayes bénédictines que nombre d'inventions virent le jour, sous les tentatives expérimentales de moines audacieux dont la soif de savoir n'avait peut-être d'égal que leur incommensurable gourmandise de la vie.
Car quoi que l'on en dise, le Moyen-Âge ne produisit pas que des ascètes en mal de mysticisme. De nombreux membres du clergé furent, au contraire, de véritables bons vivants, humanistes et désireux de faire progresser la race humaine. Ne dit-on pas d'ailleurs que des moines cisterciens seraient à l'origine du champagne, merveille concoctée pour la première fois entre les murs de l'austère abbaye de Clairvaux, au 14e siècle ?
Curieux comme tout homme qui possède une base de connaissances stimulantes, les moines, malgré leur stricte obéissance à la Règle de Saint-Benoît, découvrirent différents procédés évolutifs et influencèrent toutes les sphères de la société médiévale : spirituelle et liturgique, cela va de soi, mais également intellectuelle, artistique, administrative et économique. Copistes infatigables, enlumineurs inégalables, c'est par leurs œuvres littéraires et picturales que l'on connaît mieux le Moyen-Âge, bien que trouvères et troubadours y participèrent aussi pour une grande part.
Ce Moyen-Âge qui paraît si souvent sans ressources à vu naître les moulins. Bien avant que Don Quichotte ne les affronte, moulins à eau et moulins à vent, devinrent l'une des machines les plus utiles à la vie quotidienne des gens d'alors Épargnant hommes et bêtes, le moulin faisait à lui seul le travail de plusieurs êtres vivants. Technologie de pointe, il permit également un volume considérable de production. Ainsi, bières, vins, farine, froment, etc., purent satisfaire un plus grand nombre d'individus.
L'emploi du fer devint aussi un élément important dans la vie des gens. Dans les moulins, on installa des soufflets actionnés par la puissance de l'eau, ce qui permit d'élever à 1 540°C la température à l'intérieur de fours et de procéder à la fusion du fer. Les fers à cheval (vers le 10e siècle) et les renforcements de fer sur les tranchants des pièces agricoles (comme les bêches, les pelles, les socs de charrue…) améliorèrent encore la tâche des gens et des animaux. La charrue à roue et l'utilisation du cheval de trait, désormais pourvu d'un harnais, pour labourer les champs participèrent à cette révolution mécanique, de même que la brouette (à deux roues), laquelle réduisit l'effort humain tout en permettant le transport de plus lourdes charges.
Autre invention notable attribuable au Moyen-Âge : l'horloge. C'est un certain Giovanni di Dondi (?-1389) qui en inventa le premier prototype vers la fin du 13e siècle. Grâce à la chute d'un poids relié à une corde, elle-même enroulée autour d'un cylindre, on assurait un mouvement à peu près régulier au mécanisme. En quelques années, des horloges apparurent partout sur le territoire européen.
Les lunettes optiques virent également le jour pendant cette période, aussi vers la fin du 13e siècle. Bien qu'elles ne pussent corriger les problèmes de myopie, elles agissaient quand même à titre de verre grossissant, aidant providentiellement tous ceux qui devaient effectuer des travaux minutieux à la lueur de simples bougies.