Partout en Europe, le peuple juif est vilipendé, exécré, menacé. Devant l'urgence de se trouver un refuge sécuritaire, les Juifs d'Europe, appuyés par leurs compagnons américains, libèrent les fonds nécessaires à l'acquisition de propriétés foncières. Le sionisme naît, idéologie nationaliste qui prône le droit pour les Juifs de se créer un État dans le monde. Theodor Herzl (1860-1904) s'en fait le champion et organise les premiers congrès sionistes mondiaux. On décide lors de ces congrès l'institution d'une Banque coloniale juive (1899) et d'un Fonds national juif (1901). Les ressources financières nécessaires à la réussite d'une implantation de colonies massives en Palestine au profit du sionisme sont désormais en place.
Ce sont les deux grandes guerres du 20e siècle qui décidèrent définitivement du sort du peuple juif en Palestine. Le pays sous tutorat ottoman, se vit libéré par l'Empire britannique qui triompha des Ottomans en 1917. Les sionistes, qui avaient déjà entrepris une campagne de séduction auprès du gouvernement anglais dans l'éventualité d'une victoire, fondaient désormais leurs espoirs dans la fameuse Déclaration de Balfour, qui leur accorderait le droit à l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif. Le hic, c'est que le même empire britannique avait promis aux peuples arabes : un grand royaume arabe incluant la Palestine. Cette déclaration, publiée en novembre 1917 par lord Arthur James Balfour (1848-1930), alors ministre britannique des Affaires étrangères, allait attiser, à juste titre, la rancœur des Arabes. Les conditions idéales pour un conflit à long terme venaient d'être posées. Chacun comprit par la suite les intérêts individuels (surtout pétroliers) des pays alliés (France, Royaume-Uni, Italie, Russie) dans ce non-respect d'une entente jadis promise. De plus, la communauté juive américaine étant riche et influente, les évidences sur l'échiquier politique mondial se dessinaient clairement pour le monde arabe.
Après la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) et la mort de millions de Juifs, différer davantage la création d'un état israélien aurait été un affront inacceptable. Le Royaume-Uni céda donc ses droits sur la Palestine aux Nations Unies qui, par la résolution 181, décidèrent de scinder le territoire en deux : un état arabe et un état juif. Les Arabes, outrés, rejetèrent cette résolution et le 30 novembre 1947, la guerre civile éclata entre Juifs et Arabes. Cette guerre sera remportée par le peuple juif qui rognera davantage le territoire palestinien à l'issue de sa victoire. Depuis, entre immigration massive des Juifs du monde entier vers Israël, terrorisme arabe, efforts des hommes de paix pour parvenir à une solution durable, la Palestine n'est plus qu'une vaste arène sanglante dans laquelle s'affrontent les intégristes des deux camps.
Serions-nous tentés de défendre l'une ou l'autre des parties que les arguments ne suffiraient pas. La haine entre les tribus de Palestine existe depuis des millénaires. La décision du peuple juif de retourner vivre en territoire palestinien sans en reconnaître ses habitants ancestraux (le slogan des sionistes était : une terre sans peuple pour un peuple sans terre…) peut sembler d'une arrogance impensable. En marge de ce fait, force est de constater que les exactions dont ont été victimes les Juifs au cours des siècles restent impardonnables. Qui a tort, qui a raison aujourd'hui ? Peut-être cette question devrait-elle être dépassée pour enfin permettre aux Juifs comme aux Arabes de cesser de vivre dans la terreur et la haine.
Ceux qui se sont battus pour la paix en Palestine restent nombreux. Si seulement Palestiniens et Israéliens pouvaient se rappeler leur grandeur d'âme, leur inclination à la clémence pour enfin faire cesser les massacres… Parmi eux les Nobels de la paix : Yasser Arafat (1929-2004), Menahem Begin (1913-1992), Shimon Peres (1923- ), Yitzhak Rabin (1922-1995), Anouar el-Sadate (1918-1981). Et souvenons-nous enfin de la pertinence de cette phrase de Golda Meir (1898-1978) : "Nous pouvons pardonner aux Palestiniens de tuer nos enfants, mais nous ne pourrons jamais leur pardonner de nous obliger à tuer leurs enfants. La paix viendra quand les Arabes aimeront leurs enfants plus qu'ils ne nous haïssent" Cette phrase, si seulement elle pouvait être ressentie et admise de part et d'autre…