Pour autant que cette notion d'une évolution terrestre, et des différents organismes vivants qui s'y trouvent, s'échelonne réellement sur des millions, voire des milliards d'années. Cette évolution aura permis à certaines espèces vivantes de muter et de survivre jusqu'à nos jours. Mais d'autres espèces ont totalement disparu de la surface du globe. Pourquoi ? Est-ce justement le fait de cette idéologie d'un partage du monde qui aurait occasionné l'élimination d'espèces vulnérables au profit d'espèces supérieures ou est-ce, au contraire, la voie naturelle suivie par toute évolution ?
Les scientifiques estiment aujourd'hui qu'à l'époque du Paléolithique, plusieurs espèces (mammouths et mastodontes, notamment) se sont éteintes à cause de conséquences climatiques défavorables à leur survie. Rien à voir dans ces conditions avec une possible lutte entre espèces pour le partage du monde.
Cependant, anthropologues, ethnologues, paléologues, etc., croient que l'idée d'un partage du monde entre hommes et animaux s'est imposée dès le Néolithique, époque à laquelle l'hominidé s'est sédentarisé avec la culture du sol et la domestication d'espèces animales pacifiques.
Dès lors, l'homme, présomptueux animal, décrète que ce monde lui revient de droit. Devenu cultivateur, propriétaire et toujours chasseur, l'homme doit désormais protéger son bien contre toute menace extérieure. Son premier ennemi juré se trouve dans la présence des grands carnivores. La domestication d'espèces animales vulnérables attire inévitablement les prédateurs qui y voient une aubaine extraordinaire pour se nourrir sans avoir à courir les risques de la chasse habituelle.
L'homme doit par conséquent protéger ses troupeaux et anéantir tout prédateur menaçant. Idem pour les réserves agricoles. Toutes bestioles capables de voler les denrées destinées à l'alimentation du clan (oiseaux, rongeurs, petits mammifères…) doivent être éliminées systématiquement. C'est à ce moment que l'homme devient dominant, qu'il invente des armes de défense, mais aussi des armes d'attaque. Car il ne se contente plus de protéger son clan, ses provisions, son bétail, ses biens, etc., il anticipe. Or anticiper prend désormais la couleur du carnage. Ne plus tolérer la menace, c'est attaquer le premier pour ne plus avoir à se défendre. C'est juger également que le droit d'occuper un espace, un territoire, est dorénavant acquis.
En Égypte, quatorze siècles av. J.-C., les pharaons ordonnaient déjà le massacre des lions. En Assyrie, au 9e siècle av. J.-C. ce sont les éléphants que l'on a éradiqués de la steppe nord-syrienne. Mais c'est surtout au moment de l'avènement des armes à feu que l'homme réalise son pouvoir sur la bête. Les massacres s'enchaînent et sacrifient à la mode. On tue pour des peaux, on tue pour l'ivoire, on tue pour diverses parties du corps animal que l'on transforme en objets décoratifs.
On tue également au nom du sport. Naît alors la chasse sportive et les carnages dont elle se rend responsable ont souvent pour nom Safari. L'homme, dans son ambition de s'approprier la planète, détruit la vie sans discernement. Le partage du monde devient peu à peu l'appropriation d'une seule espèce.