Elle fut par ailleurs un véritable mode d'emploi pour les jeux de l'amour et le civisme sous la couette.
Dans l'Art d'aimer, Ovide (v.43 av. J.-C.-17 apr. J.-C.), à contre courant d'une sexualité fustigeant la gourmandise sexuelle et la fornication sans discernement, car le citoyen romain libre se glorifiait dans une représentation "politiquement correct" de la sexualité virile, Ovide, lui, incitait l'homme à aimer la femme, à se soucier de son plaisir, à la câliner, à la rendre heureuse dans l'extase de l'orgasme, à encenser son corps si magnifique de caresse et de baisers.
Sans doute les tendres conseils d'Ovide modifièrent peu la condition des femmes romaines, mais son œuvre, transcendant les siècles, en aura fait réfléchir plus d'un par la suite.
Qu'elle fût porteuse d'un message social, d'une tentative d'incitation aux changements ou encore d'une dénonciation de quelque ordre, la littérature érotique constitua souvent l'arène au centre de laquelle se déroulèrent de virulents débats entre les sexes.
Autant l'on y aura chanté les louanges de l'autre sexe, autant l'on y aura vilipendé les travers de l'autre sexe, autant l'on y aura exalté la subtilité des amours homosexuelles aussi.
On pourrait presque en dire qu'elle figura le creuset d'une évolution spectaculaire, un bûcher pour les tabous, une catapulte pour de nouvelles normes morales qui forcèrent les esprits fermés à emboîter le pas vers une modernité essentielle, prêchant l'amour et la tolérance des autres. Car elle touche chaque individu dans ce qu'il possède de plus instinctif, de plus primitif : son instinct de reproduction.
Or pour certains encore, littérature érotique rimera toujours avec histoires grivoises, sexe hard, fantasmes crus.
Pour d'autres, plus fins, plus idéalistes aussi, littérature érotique figurera toujours la sublimation de désirs inavouables, l'exaltation d'une chair mystérieuse qui fait encore frissonner des pieds à la tête.
Un exercice de l'esprit qui élève le plaisir sexuel bien au-delà du simple accouplement !