Des noms célèbres ! Anne Bonny (1697?-1720? ), Ching Shih (1774-1844), Grace O'Malley (1530-1603), Jean Bart (1650-1702), Henry Morgan (1635-1688), Mary Read (1690?-1721?), Sir Francis Drake (1540-1596)… Des sobriquets terrifiants ! Barbe-Noire (Edward Teach, 1680-1718), Barberousse (Khayr ad-Din, 1466-1546), Calico Jack (Jack Rackham, 16?-1720), L'Olonnais (Jean Nau, 1630-1669), La Buse (Olivier Le Vasseur, 1690-1730 ), Monbars l'exterminateur (16?-16?)…
Car c'est de cela qu'il s'agit. Les mythes et légendes entourant la vie exceptionnelle de ces êtres hors du commun suscitent encore aujourd'hui des rêves merveilleux.
Un peu comme si l'on faisait abstraction de toute l'architecture de violence et de cruauté du personnage du flibustier pour ne garder à l'esprit que ses prouesses extraordinaires ainsi que le mystère fabuleux de ses trésors enfouis.
En réalité, les corsaires, flibustiers, pirates et autres seigneurs des mers occupaient des fonctions plus ou moins avouées dans les sociétés qui les ont vus naître…
Dès l'époque antique, environ 800 ans avant Jésus-Christ, certains mercenaires naviguent à la solde d'une cité puissante. Ces grandes villes cautionnent les pilleurs des mers dans le but d'affaiblir les civilisations qu'elles comptent envahir ou dominer.
La piraterie n'est alors qu'une activité lucrative, opérée par des individus isolés que les civilisations policées dénigrent en les traitant de barbares. Mais son utilité la garde dans une perception ambiguë, tantôt protégée par l'État en temps de guerre, tantôt condamnée par celui-ci en temps de paix.
Ce statut précaire ne changera jamais au fil des siècles. La flibusterie restera, au gré des intérêts de chacun, une activité condamnable, à moins qu'elle ne soit expressément mandatée par une instance dirigeante.
Arme de conquête avant tout, la piraterie a vraiment connu ses heures de gloire entre les 15e et 18e siècles, le 19e siècle achevant son déclin.
À cette époque, les navigateurs sillonnent les mers et les océans du monde entier en quête de nouveaux territoires à asservir. Anglais, Espagnols, Français, Néerlandais, Portugais, Turcs, etc., se livrent à des affrontements navals incessants. L'espace maritime devient une arène dans laquelle personne n'est en sécurité.
C'est ainsi que naît le concept de la "Course".
Alors que plusieurs mercenaires se sont enrichis grâce aux pillages de bateaux de marchandises, les souverains cherchent à limiter les dégâts tout en tirant profit des aptitudes incontestables de ces habiles navigateurs.
La Course se définit donc comme "une autorisation de courir sus à l'ennemi du roi" et permet aux navires-pirates, agissant au nom du royaume, d'attaquer les flottes (ou tout autre bateau) affichant les couleurs d'un royaume rival. Évidemment, avec la découverte des Indes et du Nouveau Monde, la valeur des marchandises qui circulent par voie navale excite la convoitise de plusieurs princes aussi bien que des pirates eux-mêmes.
Or le monde de la piraterie se scindera désormais en deux clans : les brigands qui pilleront dans leur intérêt personnel et les corsaires du roi, qui continueront les raids au nom d'un souverain.
Pendant les décennies qui suivront ce 15e siècle conquérant, les aventuriers célèbres se succèderont dans la gloire et la disgrâce.
Certains deviendront des héros, tels Sir Francis Drake, Jean Bart, Henry Morgan, tandis que d'autres seront arrêtés et mis à mort à titre de forbans et de meurtriers.
Pourtant, les actions des uns restent identiques à celles des autres, la différence étant dans l'art d'établir de bonnes relations avec les autorités régnantes et de partager les butins sans tenter de se garder la plus grosse part du gâteau.
Les Caraïbes, la mer du Sud, l'océan Indien représentent les points d'attaque les plus importants pour la flibuste.
C'est par là que transitent tous les trésors des territoires nouvellement conquis.
Épices, soieries, pierres précieuses, or, argent, tabac, etc., les convois protégés eux-mêmes par des pirates chevronnés, tentent d'échapper aux écumeurs qui les attendent au hasard des itinéraires.