Contesté, récrié, exécré depuis le premier choc qu'a causé sa découverte au matin du 13 août 1961, le Mur de Berlin est vite devenu le symbole de la honte, la preuve de l'échec d'un communisme autoritaire et dictatorial.
Prisonniers dans leur ville, les Berlinois de l'Est vivent une existence grise, à l'image des blockhaus soviétiques. Plus de 100 000 citoyens tenteront de passer en République fédérale allemande au péril de leur vie.
Multipliant les manifestations, les demandes d'autorisation de séjour, les contestations pacifiques, les dissidents flairent la faille derrière le rideau de fer. Mikhaïl Gorbatchev (1931- ), alors au pouvoir en U.R.S.S., a déjà amorcé les réformes de la Perestroïka et sa politique du Glasnost (politique de la transparence) a trouvé écho chez les Hongrois. Ces derniers entament le processus d'ouverture de leurs frontières avec l'Autriche dès le 2 mai 1989.
Une véritable décharge électrique pour les captifs de Berlin Est qui y voient immédiatement un chemin assurant leur fuite vers l'Ouest.
Septembre, des milliers de Berlinois se pressent aux frontières austro-hongroises et réussissent leur évasion.
Un vent de liberté gagne la RDA, les manifestations s'accentuent et le pouvoir en place s'inquiète. Tant et si bien que le Président du Conseil d'État de la République démocratique Allemande, Erich Honecker (1912-1994) démissionne au profit d'Egon Krenz (1937- ), qui cèdera à la pression populaire et autorisera finalement le démantèlement du mur honteux.
Le 7 novembre, une manifestation regroupant plus 500 000 militants (certains observateurs ont même avancé le chiffre de 1 million) fait tomber l'autorité du gouvernement soviétique. Deux jours plus tard, Krenz annonce officiellement une mesure d'assouplissement aux points de passage.
Dans les heures qui suivent, des milliers de personnes affluent aux postes douaniers pour sortir de Berlin Est. Débordés par cette foule qui devient incontrôlable, les gardes frontaliers baissent les armes et abandonnent toute volonté de rétention.
Les heures se succèdent et, peu à peu, dans les débordements et la joie des retrouvailles, les Berlinois de part et d'autre grimpent le mur et l'assaillent.
Des pics, des masses, des marteaux, des pioches se brandissent soudain et ce sont les premières brèches qui se forment un peu partout. Ce moment qui a marqué l'Histoire, immortalisé par de nombreuses télévisions à travers le monde, a même vu le violoncelliste virtuose Mstislav Rostropovitch (1927-2007) se joindre aux démolisseurs et les encourager en jouant au pied du mur. Cette allégresse, cette liesse contagieuse, et vécue en temps réel d'un bout à l'autre de la planète, crée une onde de choc dans toute l'Europe.
C'est la fin de la Guerre froide, une cuisante défaite pour le régime communiste en Occident, et le début d'une époque florissante pour une nouvelle Allemagne unifiée.
Quelques pans de ce mur existent toujours dans Berlin aujourd'hui. Une partie du tracé en est d'ailleurs marquée au sol par une double rangée de dalles.
Un parcours historique est désormais jalonné de lieux commémoratifs qui rappellent les tentatives d'évasion ou les emplacements de miradors, les postes frontières, les tunnels, etc.
Le Mur, bien qu'il ne soit plus là, fait bel et bien partie de la mémoire collective berlinoise.
Pour les célébrations du 20e anniversaire de sa chute, une centaine d'artistes viendront restaurer la fresque de 1,3 km de mur longeant encore la rivière Spree et que l'on nomme désormais : l'East Side Gallery.
Une restauration pour les jeunes générations, afin qu'elles n'oublient pas…
N.B. Pour ceux qui souhaiteraient une approche plus intimiste de la chute du Mur de Berlin, voyez l'excellent film "Good Bye Lenin!" (2003), du réalisateur allemand Wolfgang Becker.