Le fameux sapin de Noël, symbole par excellence de cette fête mondialement célébrée, semble appartenir à une tradition alsacienne datant du 12e siècle.
À l'époque le sapin figure l'arbre d'Éden et il fait partie des scènes que l'on joue la veille du 25 décembre dans les régions avoisinant le Rhin. On l'enjolive avec des pommes (lesquelles font référence à Adam et Ève), des roses, des papillotes, des fruits, etc. On note cependant que lors des célébrations païennes déjà , on dansait autour d'un arbre de vie orné de fruits et de fleurs.
Au fil des siècles, on ajouta au sommet du sapin la fameuse étoile de Bethléem.
Les premières illuminations de sapin commencèrent au 17e siècle et furent des plus périlleuses. Comme la cire était coûteuse, on fixait aux branches de l'arbre des coquilles de noix remplies d'huile dans lesquelles on faisait brûler une courte mèche.
Les ornements pour leur part firent leur apparition vers 1860 alors que les artisans verriers de Meisenthal en Moselle fabriquèrent les premières boules de Noël.
Enfin, c'est aux Américains que revint la création des lumières pour sapin, éclairage électrique qui réduisit considérablement les risques d'incendie imputables aux anciennes méthodes d'éclairage à la bougie ou à l'huile.
La bûche de Noël est semble-t-il originaire des pays nordiques, germains notamment, et elle symbolisait la chaleur, le soleil, le feu. Jadis, on la bénissait avant de l'allumer et tout le temps des réjouissances elle brûlait pour réchauffer la famille, les amis, les voisins, les pauvres hères qui demandaient l'asile.
Ce n'est que beaucoup plus tard que l'on en fit un dessert, par désir de commémorer son usage, alors que l'on se mit à chauffer les chaumières avec différents systèmes n'employant plus le bois.
Le Père-Noël est sans doute le symbole moderne qui a révolutionné la magie de Noël pour en faire ce festival mercantile que l'on connaît de nos jours.
Succédant à Saint Nicolas, patron des écoliers et protecteurs des enfants, le Père-Noël issu d'un conte de 1821 écrit par un pasteur américain, Clément Clarke Moore (1779-1863), et finalement peaufiné par le génie publicitaire de Coca-Cola (1931), est devenu la figure mythique adulée des enfants. Créant une véritable lame de fond, l'image de ce bonhomme joufflu et jovial a littéralement soufflé les repères ancestraux et religieux légués par la fête de Noël au profit d'une toute nouvelle mythologie, beaucoup plus excitante pour les petits, principaux intéressés désormais.
L'invention du Pôle-Nord, du royaume du Père-Noël, des lutins et des fées qui travaillent jours et nuits à la fabrication des jouets et à l'organisation de la Grande Nuit de Noël, le gigantesque traîneau débordant de cadeaux somptueux, les rennes magnifiques…
Toute cette fantaisie n'a mis que quelques années à supplanter dans le cœur des enfants les vieilles légendes de Noël.
Il faut avouer que la complicité des parents a considérablement aidé à ce que le Père-Noël devienne le nouveau symbole de cette fête. Retour au paganisme donc puisque le sens religieux de Noël s'est noyé dans une course à la consommation qui défit souvent toute logique. Une frénésie qui transforme chaque consommateur en une sorte de zombie programmé qui doit acheter à tout prix… Pire, à n'importe quel prix !
Ce retour à l'abondance, aux débordements, à une forme de débauche est peut-être salutaire toutefois.
À l'époque des Saturnales, paysans et citadins attendaient, préparaient cette période de réjouissances avec une fébrilité qui stimulait leurs plus grands espoirs en la vie. Personne alors ne regardait à la dépense, chacun sacrifiait tout ce qu'il avait pour que cette fête soit la plus extravagante, la plus mémorable.
Nos comportements actuels ne diffèrent pas tellement de ceux des premières civilisations dans ce cas précis.
Toute cette féerie de Noël, les illuminations, décorations, abondance de nourriture, réceptions après réceptions, cadeaux à profusion n'est-elle pas le simple prolongement des orgies antiques, désormais libérées du joug clérical, et rendues à ses origines primitives ?
Aussi, malgré tous les débordements mercantiles qu'occasionne la fête de Noël, il est des valeurs que l'être humain a pris soin de garder précieusement dans son bagage héréditaire au fil des siècles : le sens du partage, le plaisir de voir les sourires s'illuminer sur tous les visages, le goût de l'humanité…
Joyeux temps des Fêtes à tous !