Comme si chaque individu éprouvait ponctuellement ce désir de remettre les compteurs à zéro pour se prémunir d'une chance toute neuve de réaliser des projets qu'il n'a pas encore menés à terme, le Nouvel An reste le moment propice à tous les espoirs de réussites. Or, personne ne manque à cet engagement de souhaiter aux autres ce que l'on espère pour soi-même : la santé, le bonheur et le succès !
Depuis des millénaires déjà, les souhaits qui accompagnent l'année qui s'amorce se transmettent entre parents, amis, voisins, concitoyens, etc. Souvent, l'on y joignait des offrandes alimentaires, friandises ou denrées nécessaires, pour souligner le caractère amical dans lequel l'on entreprenait cette nouvelle période. On se déplaçait en personne ou l'on mandait des messagers pour offrir ses vœux de bonheur à son entourage.
En Extrême-Orient, dans plusieurs régions de Chine notamment, il semble même que des vœux transcrits sur des feuilles de papier de riz avaient déjà cours au Moyen-Âge. Les artistes les plus talentueux dessinaient et traçaient les souhaits de Bonne Année à la main, la grandeur du papier allant croissant selon la grandeur du personnage auquel le message s'adressait.
Dans le monde chrétien, c'est au 15e siècle que l'on ressentit le besoin de marquer dans le temps ces transmissions de vœux par le biais de feuillets de bons vœux. Réservés aux classes aristocratiques qui pouvaient se procurer encre et papier, les feuillets furent progressivement remplacés par des imprimés que les marchands expédiaient à leurs clients au 18e siècle, histoire de les remercier de leur fidélité et de les encourager à s'y tenir.
Les souhaits du Nouvel An sortaient ainsi du clan familial, s'étendaient aux étrangers et prenaient une dimension commerciale qui allait bientôt s'édifier en véritable culte.
Dès 1796, l'auteur autrichien Aloys Senefelder (1771-1834) inventa la lithographie afin de reproduire des impressions en grande quantité. Grâce à cette découverte technique, on parvint désormais à tirer des centaines d'images identiques pour une diffusion importante.
Les Anglais mirent à profit cette technique pour la transmission de leurs vœux du Nouvel An à partir de 1840, après l'impression massive d'enveloppes aux motifs de Noël et de la parution du premier timbre-poste.
En 1843, le peintre anglais John Calcott Horsley (1817-1903) réalisa la première carte de vœux officielle. Bien que largement controversée par l'image qu'elle présentait (une famille célébrant, verre de vin à la main…), la création de Horsley lança la pratique de la carte de souhaits du temps des Fêtes.
Vendue à l'époque pour un schilling, en plus des frais de poste de un penny, la carte n'était évidemment pas à la portée des budgets les plus humbles. Bourgeois, nobles et commerçants furent longtemps les seuls à pouvoir l'offrir à leur entourage. Mais les familles moins bien nanties conçurent rapidement l'idée de la fabriquer maison, se joignant ainsi à la naissance d'une tradition qui allait se diversifier considérablement en s'appliquant à tous les types d'événements de la vie humaine.
Vers 1860, c'est en Amérique du Nord que la tradition s'importa grâce à Louis Prang (1824-1909), un immigrant allemand qui ouvrit un atelier de lithographie à Boston au Massachusetts.
Dès 1873, il imprima des cartes de souhaits pour le Nouvel An et commença à les vendre aux États-Unis l'année suivante.
En 1885, il eut d'ailleurs l'idée de représenter le Père-Noël (Santa Claus) pour l'occasion dans un costume rouge, ce qui fit fureur auprès du public et officialisa la couleur rouge pour désigner le jovial bonhomme à barbe blanche.