Cette façon de vouloir se fondre à la nature, cette volonté de vouloir en quelque sorte réinventer l'art du paysage amène également une idée de prolongement. En sortant l'œuvre du musée ou de la galerie, en la restituant à son milieu naturel, l'artiste du Land Art force la reconnaissance du matériau brut. Il oblige le spectateur à poser un regard totalement différent sur l'œuvre.
Pour celui ou celle qui aurait pu admirer le célèbre Double Négative de Michael Heizer, magistralement exécuté grâce à une excavation de 240 000 tonnes de grès, créant dans un canyon du Nevada deux coupes gigantesques, il n'existe pas de commune mesure avec un paysage sur une toile.
L'émotion est vive, directe, l'impression d'être en phase avec ce que le regard perçoit procure une sensation vertigineuse et une communion exceptionnelle avec l'œuvre.
Mais puisque le Land Art est l'art de l'éphémère, ses créateurs n'ont pas d'autre choix que d'emprunter des supports artificiels pour le fixer dans le souvenir collectif.
Ils utilisent alors la photographie, le croquis ou la vidéo pour témoigner d'un génie grandiose qui a trouvé dans la nature le plus grand mécène à ce jour…