On ne peut bien sûr passer sous silence les artistes de l'iconographie, ces virtuoses d'un art qui véhicule la foi de façon aussi vibrante. Les saints iconographes, les maîtres peintres, les moines et les artistes peintres de toutes époques contribuèrent avec passion à la diffusion de ces images saintes. Théophane le Grec (vers 1330-vers 1410), né à Byzance, fut sans doute le mieux connu d'entre eux. Certaines de ses œuvres ont été préservées dans quelques églises de Russie, là où il se réfugia au début du déclin culturel de Byzance. Il aurait œuvré à l'église de la Nativité de la Vierge (1395), à la Cathédrale de l'Archange Saint-Michel (1399), et à la Cathédrale de l'Annonciation (1405), en plus d'avoir sous sa gouverne, et comme élève, le célèbre Andrei Roublev (vers 1365-vers 1428). Connu mondialement pour son icône : La Trinité, que l'on considère comme un sommet dans l'art iconographique russe, le moine Roublev reste le grand maître de l'école de Moscou.
En Grèce, c'est dans l'église du Protaton, à Karyes au mont Athos, que se trouve la magnifique série d'icônes peintes par Emmanuel Panselinos (14e siècle). On peut également admirer des œuvres iconographiques orthodoxes au monastère Saint Nicolas Anapafsa, attribuables à l'hagiographe et maître de l'école d'iconographie crétoise, le moine Theophanes Strelitzas Bathas (15e-16e), dit Théophane le Crétois. Il aurait également peint différentes fresques de monastères du mont Athos et des Météores.
Dans les pays arabophones, syriaques et chaldéens orthodoxes et catholiques, nestoriens, monophysites, maronites, coptes, arméniens, éthiopiens, melkites, donc chrétiens d'Orient, connurent également le culte des icônes. C'est à travers l'œuvre de Yusuf al-Mussawir (Joseph l'Iconographe), mort en 1667, et de ses descendants, que l'iconographie arabe a imposé son style. Un style où la douceur des traits, la richesse des couleurs ainsi que les inscriptions désormais en langue arabe ont lentement éclipsé la tendance byzantine.
Aujourd'hui, plusieurs iconographes laïcs ou religieux suivent rigoureusement la tradition et peignent des icônes d'une grande beauté. Pourtant, si leur facture peut sembler plus léchée, plus stylée, on ignore si le message dont elles sont porteuses atteint les niveaux de vérité et de foi que véhiculaient leurs ancêtres. C'est peut-être pourquoi les icônes d'autrefois suscitent autant l'intérêt des historiens et archéologues du monde entier et que l'iconographie contemporaine laisse bien souvent perplexe…