Plus tard, la France s'ajoutera également à la gestion administrative du territoire allemand et les divisions n'en seront encore que plus grandes dans cette Allemagne occupée.
Berlin, ville phare et enjeu politique primordial, divisée en deux parties (l'Est aux Soviétiques, l'Ouest aux Occidentaux) suscite toutes les convoitises.
L'U.R.S.S. veut en récupérer la totalité sous le faux prétexte d'en faire une ville libre, démilitarisée. Incrédules, les autres alliés s'y opposent.
Dès 1948, les intentions soviétiques se dessinent et la coopération entre les quatre entités administratives se rompt ; l'Union soviétique s'emploie désormais à brouiller les cartes entre les Occidentaux et Berlin-Ouest.
Évidemment, deux Berlin, c'est aussi deux régimes politiques bien distincts. Les avantages du communisme à l'Est sont loin d'être aussi séduisants que les libertés du capitalisme de l'Ouest.
Dans ces conditions, le choix se fait rapidement ; plus de 3,5 millions de Berlinois passent de l'Est à l'Ouest entre 1949 et 1961, un exode qui prive l'U.R.S.S. d'une jeunesse instruite et d'une main-d'œuvre vigoureuse. De plus, les performances économiques escomptées ne sont pas au rendez-vous à cause des départs massifs des travailleurs, et déjà cette République démocratique allemande se tient au bord de l'abîme.
Les Soviétiques doivent à tout prix stopper le flux des défections. Ainsi naît, dans le plus grand secret, la mise en chantier du Mur de Berlin.
Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, des grillages et une ceinture de barbelés s'érigent autour de Berlin-Ouest.
Près de 14 500 membres des forces militaires bloquent les frontières entre les deux Berlin et participent aux modifications destinées à interdire le passage entre l'Est et l'Ouest. Bien que certains pourront encore passer les postes frontaliers jusqu'en septembre, on empêche désormais les RER et les métros de stopper en zone Ouest.
Même les pavés seront retournés ou enlevés pour freiner une éventuelle traversée d'un côté à l'autre avant l'édification du mur.
Dans les semaines qui suivent, c'est un chantier gigantesque qui s'engage pour dresser les 155 kilomètres de mur, en béton cette fois, qui verrouilleront l'Ouest de Berlin complètement, condamnant ainsi amis et familles à se séparer dans des conditions souvent dramatiques.
Économiquement, les conséquences sont aussi très dures : près de 63 000 salariés de Berlin Est perdent leur emploi à l'Ouest tandis que 10 000 salariés de Berlin Ouest perdent leur emploi à l'Est.
Sur les 81 points de passage d'origine, il n'en reste plus que sept encore praticables à la fin de 1961, dont le célèbre Checkpoint Charlie.
L'organisation du mur, techniquement modifiée à quatre reprises au cours de son existence, implique plusieurs éléments.
D'abord le mur extérieur, atteignant souvent 3,60 mètres de hauteur, puis un espace entre 30 et 100 mètres le séparant d'une autre clôture, celle-ci grillagée.
À l'intérieur des deux cloisons, 302 miradors, plusieurs pylônes d'éclairage, 105,5 km de fosse antivéhicules, 124,3 km de chemin de ronde, 127,5 km de clôture électrique de signalisation, 259 postes de surveillance canine, 20 bunkers…
À toute heure du jour ou de la nuit, des centaines de gardes frontaliers chargés d'empêcher les fuyards de réussir leurs tentatives. Munis de l'autorisation de tirer en cas d'extrême nécessité.
Ce qui s'est produit, forcément, et dont le musée du Checkpoint Charlie témoigne encore, de même que de toutes les tentatives d'évasions qui ont ponctué la triste célébrité du mur.