On les exploite alors à de nombreuses fonctions : travail aux champs, messager, entretien ménager, soins aux enfants, cuisine, divertissement, maître d'hôtel, eunuque, valet, bref, ils pallient à tout ce que l'homme riche ou sa femme n'ont plus envie de faire. Ils ne sont pas toujours noirs. Le mot esclave dérive d'ailleurs du mot latin Slavus et il désigne à l'époque des esclaves venus des Balkans.
Le début des grandes conquêtes du Nouveau Monde ainsi que la création de colonies dans ces contrées lointaines introduisent, en Europe, une vision des plus abusive de l'esclavage. Le code noir, signé par Louis XIV, sous la dictée du ministre Louvois, en 1685, lance une réglementation stricte et contraignante, comportant soixante articles, et encadrant le statut de ceux qui sont arrachés à l'Afrique afin de servir les intérêts des Français (entre autres) dans les colonies. L'article 44 est notamment très éloquent à ce propos :
"Déclarons les esclaves être meubles et comme tels entrer dans la communauté, n'avoir point de suite par hypothèque, se partager également entre les cohéritiers, sans préciput et droit d'aînesse […]"
Plus ou moins bien traités selon la cruauté de leurs maîtres, les esclaves noirs sont des objets, vivants, appartenant au patrimoine d'une entreprise ou encore au patrimoine familial. Le marquage au fer rouge se fait deux fois : une première fois avant d'embarquer sur le bateau qui le conduit à sa destination finale et une dernière fois en étant réceptionné par son acquisiteur. L'esclave qui tente d'échapper à sa condition en prenant la fuite est marqué de la fleur de lys du paria sur une épaule puis se fait trancher les oreilles. Dans le cas d'une récidive, on lui marque une fleur de lys sur l'autre épaule et on lui coupe le jarret. À la troisième tentative, on le met à mort. Dans tous les cas de désobéissance, les chaînes, le fouet, les coups de verges ainsi que le marquage de la fleur de lys à l'épaule sont prescrits.
Les chasseurs d'esclaves, toujours plus nombreux, montent des affaires en or dans cette quête ignoble qui leur fait traquer des individus comme s'il s'agissait de vulgaires gibiers. On les appelle les négriers et l'on estime que leur commerce humain a fait transiter entre 12 et 15 millions d'individus originaires d'Afrique sur les autres continents pour y tenir des rôles d'esclaves. Des hommes, des femmes, des enfants, vendus par des chefs de tribu ou des roitelets sans scrupules, sont entassés sur des bateaux pendant les semaines de longues traversées, livrés à leur seule débrouillardise et nourris frugalement. Beaucoup ne supportent pas les trajets et périssent en mer.