Pas très édifiant comme constat, surtout que le sport sert de modèle de pureté pour une jeunesse que l'on souhaiterait bien en santé. " Un esprit sain dans un corps sain ", n'est-ce pas ce que clamait le satyre Juvénal au 1er siècle de notre ère lorsqu'il faisait l'éloge d'un idéal de la jeunesse …
Mais le sport, loin d'exalter toutes les qualités d'une jeunesse enviable, se fonde sur les règles d'une compétition féroce et pas toujours loyale.
Et ce, depuis ses toutes premières manifestations, lors des luttes égyptiennes datant du 3e millénaire avant J.-C. ou encore lors des jeux à Olympie. Les Romains, qui transformèrent les jeux en véritables spectacles de masse par le biais de bâtiments comme le Colisée ou le Circus Maximus, connaissaient aussi la triche sous plusieurs formes, soit pour des raisons politiques, soit par favoritisme, soit pour plaire à la foule…
Le monde, malgré plusieurs milliers d'années d'évolution, n'a jamais vraiment changé !
La fourberie toujours au rendez-vous, les sports ont donc de toute époque composé avec diverses problématiques d'honnêteté. Évidemment, tous les coups bas étaient permis lorsqu'ils étaient commandés par des mécènes puissants ou excusés par des souverains trop cléments.
De plus, comme les jeux exigeaient des performances physiques extraordinaires, il n'était pas rare que l'on fasse appel à des ingestions alimentaires ou liquides, réputées pour favoriser des conditions idéales de succès.
Ainsi, au 6e siècle avant J.-C., les athlètes grecs recouraient à différents types de viande selon la discipline à laquelle ils participaient.
Si les lanceurs de poids, de disques se gavaient de viande de taureau, les lutteurs ingurgitaient de grandes quantités de viande de porc tandis que les sauteurs optaient plutôt pour la chair de chèvre.
Ces mêmes athlètes buvaient aussi de l'hydromel afin de conditionner les états euphorisants, propres à les propulser dans les compétitions les plus rudes.
Si l'on analyse le comportement humain en l'extirpant du contexte des jeux sportifs, on constate que les populations africaines et amérindiennes s'adonnaient également à la prise de stimulants dopant afin d'augmenter leur potentiel physique, soit dans le cadre d'activités quotidiennes, dans les exercices de la chasse ou encore dans l'accroissement de performances sexuelles.
Feuilles de coca et noix de kola ont donc contribué largement au succès de certains peuples confrontés à des exploits fabuleux pour assurer leur survie.
On sait par ailleurs que de nombreuses populations asiatiques bénéficiaient des vertus du ginseng depuis fort longtemps pour booster leur vigueur et leurs possibilités physiques.
Rituel commun à toutes les ethnies du monde, la prise de drogues dans la perspective de prouesses physiques n'est, par conséquent, pas un phénomène spécifique au monde du sport.
Dans les annales sportives, les cas de dopage apparaissent publiquement avec l'avènement du sport moderne. On note qu'à la fin du 19e siècle, de premiers dopages sont signalés chez des nageurs à Amsterdam et qu'un cas mortel s'avère en 1896.
À cette époque, on constate également qu'une boisson énergisante, faite à partir de vin de Bordeaux et d'extrait de feuilles de coca, est fortement conseillée aux athlètes. Invention de l'apothicaire Angelo Mariani (1838-1914) le vin Mariani connaît un succès fabuleux, car il stimule et euphorise ceux qui le consomment.
Le dopage est alors encouragé, même le pape Léon XIII (1810-1903) en cautionnera l'usage. Mais aucune prise de conscience collective n'est encore envisageable à ce stade.
Plus tard, dans les années 1950, on estime qu'une généralisation de l'usage de produits dopant devient évidente dans certains sports professionnels.
Puis apparaissent dans le monde olympique les sympathomimétiques ainsi que les corticoïdes. Dorénavant, c'est la course aux anabolisants et aux hormones pour doper les performances des athlètes qui déclenche conséquemment une cascade d'usages de produits pour en masquer la détection.
Devant les améliorations de performances incroyables qui se produisent dans les années 1970-1980, les Comités olympiques mettent de l'avant des contrôles de dépistage. Mais comme il est toujours possible de tricher pour éviter ou déjouer un contrôle, on passe en 1989 à la méthode dure : les contrôles antidopage spontanés.